Une fiducie pour la préservation du patrimoine culturel à caractère religieux

Le groupe de travail sur la préservation du patrimoine culturel à caractère religieux, présidé par John R. Porter, a déposé aujourd'hui son rapport regroupant 15 recommandations en trois volets. Au coeur de celles-ci, une fiducie veillerait au maintien des actifs patrimoniaux religieux.

Une fiducie pour la préservation du patrimoine culturel à caractère religieux | 13 juin 2018 | Article par Suzie Genest

Crédit photo: Jean Cazes

Le groupe de travail sur la préservation du patrimoine culturel à caractère religieux, présidé par John R. Porter, a déposé aujourd’hui son rapport regroupant 15 recommandations en trois volets. Au coeur de celles-ci, une fiducie veillerait au maintien des actifs patrimoniaux religieux.

Cette fiducie d’utilité sociale – c’est-à-dire une fiducie constituée dans un but d’intérêt général, à caractère culturel, éducatif, philanthropique ou scientifique – propose un modèle « tout à fait nouveau », dit John R. Porter. Propriétaire et gestionnaire, elle pourrait progressivement devenir responsable d’une partie du parc immobilier, explique-t-il. Cependant, il ne s’agit pas de mettre la clé sous la porte des fabriques; il est plutôt recommandé que la fiducie devienne responsable du patrimoine religieux dont « personne ne s’occupe » parce que « les églises se concentrent sur la pastorale, les fabriques n’ont plus les moyens », illustre Régis Labeaume.

Le maire de Québec estime que la Ville fait plus que sa part pour la sauvegarde des églises, notamment lors d’urgences comme celle qui a touché le clocher de l’église Saint-Sauveur :

« C’est encore nous autres [la Ville de Québec] qui a casqué. […] Moi, je commence à avoir mon voyage. […] Il va falloir qu’il y en ait d’autres qui fassent leur bout », s’est emporté le maire.

Il fustige le gouvernement fédéral, qui selon lui « tourne les yeux », alors que la Ville de Québec et le gouvernement provincial ont injecté chacun 15 M$ sur 10 ans pour la préservation du patrimoine religieux. Ces sommes, il souhaite les voir gérées par la fiducie à créer.

Selon une analyse des besoins transmis par les diocèses catholique et anglican de Québec, ces 30 M$ sur 10 ans ne suffiront pas. « Les églises doivent faire leur part », estime le maire. C’est pourquoi une partie des bénéfices de la vente des bâtiments religieux irait à la fiducie. Le groupe de travail recommande également la création d’un fonds pour la réalisation de projets de reconversion et de mise en valeur.

Pour John R. Porter, ce nouveau modèle de fiducie doté d’un fonds permettrait de « fédérer les acteurs qui ont travaillé chacun de leur côté » en appuyant les initiatives de conservation, de réadaptation, de transmission, pour « ultimement trouver la clé d’avenir pour les églises ».

La fiducie serait composée de représentants de la Ville de Québec, des fabriques, des diocèses catholique et anglican, du ministère de la Culture et des Communications, de la Commission de la capitale nationale, de la Corporation du patrimoine et du tourisme religieux du Québec, de la Fondation Québec Philanthrope et des groupes d’initiatives. Autonome, elle aurait aussi ses propres « ressources humaines compétentes de haut niveau ».

Des églises et des limbes

Parmi les bâtiments religieux « dans les limbes », Régis Labeaume cite l’église Saint-Charles-de-Limoilou, en situation d’« urgence manifeste » selon le rapport. Toujours propriété de la fabrique, elle est depuis sa fermeture en mal d’entretien, et d’une requalification sur laquelle travaille un organisme à but non lucratif (OBNL), avec un soutien de la Ville. Une fois la fiducie mise sur pied, l’OBNL transigerait plutôt avec celle-ci.

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Pour chacune des 8 églises visées, le rapport déposé par le groupe de travail recense les éléments incontournables et les enjeux particuliers à considérer en amont des décisions pour leur avenir.

Église Saint-Roch

  • Aucun statut juridique ne protège ce monument
  • Éléments caractéristiques incontournables : son architecture extérieure; 2 tours qui sont un repère important dans le quartier; son décor intérieur avec son mobilier et ses oeuvres d’art
  • Enjeux : travaux requis pour la pérennité du cadre bâti (clochers en 2018, clochetons en 2019)

Église Saint-Sauveur

  • Aucun statut juridique ne protège ce monument
  • Éléments caractéristiques incontournables : son architecture extérieure; 2 tours qui sont un repère important dans le quartier; son décor intérieur et la peinture de Charles Huot; le parvis occupé par une cour d’école clôturée qui offre un potentiel de mise en valeur d’une place publique pour le quartier
  • Enjeux : une subvention de  627 942 $ versée à l’automne 2017 à la fabrique pour la stabilisation et le démontage du clocher, une décision à prendre concernant le clocher

Église Saint-Charles-de-Limoilou

  • Aucun statut juridique ne protège ce monument
  • Éléments caractéristiques incontournables : son architecture extérieure; 2 hautes flèches qui sont un repère dans l’axe d’une perspective urbaine importante dans le quartier; son décor intérieur avec des ornements de l’artiste Guido Nincheri; le fait que l’église domine un ensemble institutionnel imposant comprenant le monastère des Capucins et l’ancien couvent des Servantes du Saint-Coeur-de-Marie
  • Enjeux : l’église est fermée au culte depuis 2012, l’OBNL Espaces d’initiatives travaille depuis 2015 à développer la requalification

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