Aucun soumissionnaire pour le tramway

Aucune entreprise n'a soumissionné pour la construction du tramway. La Ville de Québec met donc fin au processus d'appel d'offres.

Aucun soumissionnaire pour le tramway | 1 novembre 2023 | Article par Thomas Verret

La Ville a mis fin mardi à l’appel de propositions pour la construction du tramway.

Crédit photo: capture d'écran

Aucune entreprise n’a soumissionné pour la construction du tramway. La Ville de Québec met donc fin au processus d’appel d’offres.

C’est ce qu’on a appris mercredi matin en conférence de presse.

Désistement

L’administration municipale a pris cette décision, mardi (hier), à la suite d’une rencontre tenue la semaine dernière entre le seul consortium qui était toujours en liste, Mobilité de la Capitale, et le bureau de projet du tramway.

« On a appris que le consortium Mobilité de la Capitale ne déposerait pas de proposition financière », annonce le maire Bruno Marchand.

La date limite de dépôt était ce jeudi 2 novembre, à 16h. Mobilité de la Capitale avait précedemment déposé un dépôt technique. La firme locale a finalement choisi de ne pas aller de l’avant dans le processus d’approvisionnement.

« Les conditions financières sont le principal motif » de ce désistement, allègue Bruno Marchand.

Compte tenu du contexte économique et de l’inflation, la facture du projet a triplé, selon les plus récentes estimations révélées dans Le Journal de Québec.

« Dans les premières étapes de l’appel d’offres, nous avions un deuxième consortium qui s’appelait ModerniCité, lequel s’est désisté à l’automne 2022 », rappelle M. Marchand.

À partir de là, « les discussions se sont poursuivies » avec le seul consortium en liste à ce moment, et ce, jusqu’à vendredi, précise-t-il.

Publicité

« L’absence de proposition amenait naturellement la fin de l’appel d’offre, convient le maire de Québec. (…) Il était inutile de laisser s’étirer un processus sans issu. »

Le projet « n’est pas mort »

Bruno Marchand tente de se faire rassurant concernant la survie du projet.

« Le tramway est toujours vivant », a-t-il déclaré d’emblée.

Le dépôt technique déposé en août dernier par Mobilité de la Capitale procure « une connaissance importante, et même déterminante pour la suite des choses », toujours selon lui.

Plan B

Son administration est consciente de ne pas pouvoir réaliser en cinq ans l’entièreté du parcours tel que prévu. La Ville entend désormais faire les choses différemment et prendre en charge les travaux du tramway.

« Nous avons une façon de réaliser le projet qui va faire en sorte qu’on puisse à la fois diminuer les coûts et les risques, mais certainement réaliser ce projet-là dans les délais raisonnables », prétend-il.

Ainsi, la municipalité prévoit procéder par étape.

« La première étape, on va partir de Le Gendre (l’avenue Blaise-Pascal) pour se rendre à l’Université Laval », indique Bruno Marchand.

« On diminue une portion de la portée, non pas pour arrêter là, mais pour en faire une partie, diminuer les risques et faire en sorte qu’on avance, qu’on réalise le projet, qu’on le mette en mouvement, que les gens puissent l’utiliser (le tramway). »

Le deuxième segment se rendrait ensuite jusqu’à la station Jean-Paul-L’Allier. Le dernier bout irait de Saint-Roch jusqu’à d’Estimauville.

« Ça c’est pour la phase 1 », spécifie M. Marchand.

La Ville « a de l’ambition également pour une phase 2 et 3 ».

« Ces phases vont s’effectuer en continue », avance-t-il.

Pas question de faire marche arrière

À ses yeux, « le tramway est essentiel ». Il promet de persévérer pour que le projet voit le jour.

« La Ville de Québec a besoin de transport structurant », fait-il valoir.

Bruno Marchand rappelle le travail réalisé dans les six dernières années, ainsi que les 500M$ investis à ce jour.

« Nous sommes convaincus que de faire marche arrière et de repartir à zéro remettrait certainement notre capacité à réaliser des grands projets », conclut ce dernier.

Réactions

De son côté, la conseillère de Limoilou voit d’un bon oeil la prise en charge des instrastructures par la Ville. « Nous, ça aurait été notre plan A », explique Jackie Smith en entrevue téléphonique.

« Quand on tombe dans les appels d’offres, on perd le contrôle un peu sur les frais et les niveaux de risque, les problématiques avec la sous-traitance, les délais et les profits que les entreprises privées vont prendre. Ça gonfle toujours les prix. »

« On est contents de savoir que ce sont plutôt les employés de la Ville de Québec qui vont construire le tramway. Et si au cas où, on doit faire un appel d’offres pour des travaux supplémentaires, ce sont les entrerises locales qui vont être inclues dans ce projet », croit la cheffe de Transition Québec.

« C’est un bon investissement public », considère Mme Smith.

Jackie Smith souligne également l’importance du tramway à Québec. « On ne peut plus mettre davantage d’autobus et il ne faut pas oublier l’augmentation de la population, spécialement dans les quartiers centraux. Dans l’avenir, on va accueillir encore plus de monde. Si on veut poursuivre ce développement, ça nous prend un réseau de transport strucruant. »
Crédit photo: Thomas Verret

Le conseiller de Maizerets-Lairet note quant à lui « que ça fait beaucoup à digérer ce qu’on apprend aujourd’hui ». Claude Villeneuve insiste sur le fait qu’il est en faveur du projet, qu’il souhaite voir un tramway circuler dans les rues de Québec ».

Mais « son sentiment d’ensemble, c’est une certaine lassitude de voir qu’il ne semble plus y avoir de communication entre le gouvernement du Québec et le cabinet du maire ».

« Ils n’ont pas l’air sur la même page. Je me demande sincèrement combien ça fait de temps que Bruno Marchand et François Legault se sont parlés. »

Le chef de l’opposition officielle ne pense pas que le tramway est à l’agonie. « Non, il y a un projet. Maintenant, il reste à voir si le gouvernement du Québec a l’intention de le voir se réaliser. »
Crédit photo: Thomas Verret

M. Villeneuve ajoute que la nouvelle stratégie du maire « ne semble pas avoir été validée » par le gouvernement de la CAQ.

« J’ai juste envie de dire : ”vous êtes des adultes, parlez-vous dont, arrivez-nous avec un projet”. Ça nous prend ce projet, tout le monde s’entend là-dessus », estime le chef de Québec d’abord.

« Je commence vraiment à être tanné que cette question prenne autant de place dans l’espace public. C’est ce que je perçois aussi des citoyens. (…) Ca parle de chiffres : 12-13G$, le maire arrive ce matin avec 8,4G$. Moi ce que je dis, c’est ”entendez-vous”. »

Vendredi, un sondage Léger commandé par la Ville révélait que les appuis citoyens au projet ont baissé à 36 %.

Par ailleurs, la Ville a publié aujourd’hui une vidéo de sa vision mobilité 2040. 

Soutenez votre média

hearts

Participez au développement à titre d'abonné et obtenez des privilèges.

hearts
Soutenir