Une soirée d’informations et d’échanges sur le logement dans Saint-Sauveur

Une séance d’échanges sur l’habitation organisée par le conseil de quartier de Saint-Sauveur s’est tenue lundi soir. Quatre panélistes invités ont partagé leur point de vue sur la situation du logement dans le quartier à la lumière de leurs expertises respectives.

Une soirée d’informations et d’échanges sur le logement dans Saint-Sauveur | 5 mars 2024 | Article par Olivier Alain

En cette période de crise du logement, le conseil de quartier désire offrir au citoyens et citoyennes un portrait de la situation dans Saint-Sauveur.

Crédit photo: Olivier Alain - Monsaintsauveur

Une séance d’échanges sur l’habitation organisée par le conseil de quartier de Saint-Sauveur s’est tenue lundi soir. Quatre panélistes invités ont partagé leur point de vue sur la situation du logement dans le quartier à la lumière de leurs expertises respectives.

Une vingtaine de citoyens et citoyennes se sont présentés au centre communautaire Édouard Lavergne pour écouter les experts et poser leurs questions. La soirée visait à rassembler plusieurs acteurs et actrices du milieu de façon à dresser un portrait de la situation préoccupante du logement dans le secteur. Une place à la discussion et aux échanges était aussi au programme.

Pourquoi les coûts des loyers augmentent ?

Jean Dubé, professeur titulaire en aménagement du territoire et développement régional à l’Université Laval, a présenté une synthèse des déterminants du prix du logement, c’est-à-dire des différents facteurs qui influencent les fluctuations des prix.

De façon générale, les caractéristiques individuelles du logement et l’attractivité de l’endroit où il se situe auront le plus d’influence sur son coût. À ces deux aspects s’ajoute un facteur que M. Dubé désigne comme étant conjoncturel. Par exemple,  la hausse des taux d’intérêt, l’augmentation du coût des matériaux ou encore la disponibilité de la main-d’œuvre auront une influence sur la fluctuation du prix des logements.

M. Dubé explique que le cycle de développement urbain joue également un rôle important dans la situation observable dans le quartier Saint-Sauveur. Une ville tend à s’étaler à mesure qu’elle se développe. L’étalement urbain engendre, à un certain moment, une dépréciation de la valeur des logements du centre.

« Ces facteurs vont pousser certains résidents à vouloir revenir vers le centre et à ce moment-là, on se met à avoir une forme de compétition entre les nouveaux locataires et ceux qui sont déjà sur place. Cette compétition va se matérialiser en une hausse des prix. »

Actions de la Ville

Jérôme Bouchard du Service de la planification de l’aménagement et de l’environnement à la Ville de Québec, est revenu sur le plan de mise en œuvre accéléré de la vision de l’habitation présenté par le municipalité en septembre dernier. Le plan prévoit la construction de 80 000 logements d’ici 2040. Vingt actions structurantes découlent de cinq objectifs fixés.

Parmi ceux-ci, la construction de logements sociaux et abordables accessibles à tout type de ménage, à hauteur de 500 unités par année. La Ville entend également retirer des logements du marché spéculatif, entre autres en soutenant des OBNL dans l’acquisition d’immeubles de logements locatifs.

M. Bouchard a également  profité de l’occasion pour partager un portrait de l’état du logement social et communautaire dans le quartier. En tout, 128 projets comprenant 1993 unités sont actuellement dédiés à du logement hors marché administré selon « différents modes de tenure, autant des coops, des OBNL, des immeubles de l’OMHQ », explique M. Bouchard.

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Des projets de logements sociaux qui trainent

Christina Lavoie, coordonnatrices des services techniques au SOSACO, un organisme qui accompagne des groupes de citoyens désirant mettre en place des projets de logements sociaux, a abordé la question des délais importants observables dans la mise sur pied de tels projets.

Elle constate que les subventions gouvernementales ne suivent pas la conjoncture économique actuelle. Le manque de financement bloque l’avancement de certains projets.

Elle reconnaît que la Ville montre une volonté de remédier à la lenteur bureaucratique, mais estime que du travail reste à faire. Certains ralentissements pourraient s’expliquer en partie par le fin du programme AccèsLogis, remplacé par le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) . Des projets auraient été retardés au moment de la transition, explique-t-elle.

Mme Lavoie a profité de l’occasion pour inviter celles et ceux qui seraient intéressés à s’impliquer dans un projet de coopérative à s’adresser à SOSACO et à d’autres groupes d’accompagnement qui œuvrent dans le quartier.

Évictions et besoins en logement sociaux

Guillaume Béliveau Côté , animateur-coordonnateur au Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur  (CCCQSS) s’inquiète de la forte augmentation du coût des loyers dans le quartier.

« Cette année, le coût moyen d’un loyer a augmenté de 17%, ce qui est une hausse assez importante. Ça joue sur les capacités des gens à se loger dans le quartier. »

Il rappelle également que 148 ménages attendent actuellement un logement subventionné dans Saint-Sauveur. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2021. À ce moment, 102 ménages étaient sur une liste d’attente.

M. Béliveau confie également que le nombre d’appels reçus au CCCQSS pour des reprises de logements est en constante augmentation. Il craint l’arrivée de nouveaux promoteurs, attirés par l’attractivité du quartier, qui pourraient évincer davantage de locataires pour effectuer des travaux et augmenter le coût des loyers.

Période d’échanges

Une période d’échanges a suivi la présentation des quatre panélistes. Les membres de l’assistance ont pu poser leurs questions et partager leurs inquiétudes.

Plusieurs personnes se sont montrées inquiètes de voir le logement traité comme un bien de consommation. Des citoyens souhaitent davantage de réglementation et d’encadrement pour assurer que le logement demeure accessible dans le quartier et au centre-ville de façon générale.

Il a également été question du nombre de propriétaires occupants en baisse. Une citoyenne s’est dit inquiète de constater que de plus en de promoteurs privés possèdent beaucoup de logements et détiennent un pouvoir énorme sur la capacité des gens à se loger dans le quartier.

 

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