Rémunération des stages au public : un refus qui ne passe pas

Devant le refus catégorique du gouvernement provincial de rémunérer les stages étudiants dans le secteur public, la grogne a monté d'un ton aujourd'hui à l'Assemblée nationale.

Rémunération des stages au public : un refus qui ne passe pas | 27 mars 2024 | Article par Thomas Verret

« Le travail gratuit, ça suffit », ont scandé les étudiants rassemblés à l’Assemblée nationale, mercredi, à une manifestation pour les droits des stagiaires.

Crédit photo: Thomas Verret

Devant le refus catégorique du gouvernement provincial de rémunérer les stages étudiants dans le secteur public, la grogne a monté d’un ton aujourd’hui à l’Assemblée nationale.

Sous le coup de 12h30, plusieurs centaines d’étudiants des universités et cégeps ont manifesté leur colère à l’égard de la ministre de l’Enseignement supérieur. Plus tôt dans la journée, Pascale Déry a fermé la porte à la rémunération des stages au public en mêlée de presse au Parlement, à Québec. Dans le contexte budgétaire actuel, le gouvernement Legault affirme avoir fait « le choix d’investir dans le logement étudiant ».

Présent en matinée à la période des questions au Salon bleu, le secrétaire à la mobilisation à l’Association générale des étudiantes et des étudiants du Cégep Limoilou (AGEECL), Jacob Murray, déplore cette fin de non-recevoir de la Coalition avenir Québec (CAQ).

« (Visiblement), ce n’est pas dans les priorités de la CAQ. Ils n’ont pas d’argent pour ça, mais ils ont 600 M$ à donner en cadeaux fiscaux aux plus riches, 4,5 G$ pour une usine à batterie. Par contre, les stagiaires, apparemment, ce n’est pas si important que ça (pour eux). »

Les oppositions affichent leur solidarité

Il y a un an, presque jour pour jour, une motion du député péquiste de Matane–Matapédia, Pascal Bérubé, visant à reconnaître le statut de salarié aux étudiants stagiaires du secteur public, avait pourtant été adoptée à l’unanimité par les élus de l’Assemblée nationale du Québec.

Aux côtés de ce dernier, le chef du Parti québécois (PQ) a d’ailleurs rappelé, mercredi, l’importance de la lutte étudiante menée présentement à travers la province.

« (…) Il y a un autre principe sous-jacent, ça donne quoi de voter une motion comme celle-là, si après, on peut faire exactement l’inverse, a questionné Paul St-Pierre Plamondon. Donc, on va se battre pour l’équité, intergénérationnelle, pour la valeur de votre travail, mais également pour le respect et la confiance envers cette institution-là (l’Assemblée nationale). »

Pascal Bérubé et Paul St-Pierre Plamondon se sont laissés prendre par les « timbits » proposés par cette étudiante.
Crédit photo: Thomas Verret

Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) et figure marquante du mouvement étudiant lors du printemps érable de 2012 était aussi présent. Gabriel Nadeau-Dubois a félicité la génération étudiante actuelle qu’il a qualifié « d’héritiers et d’héritières de cette lutte pour des salaires pour tous les stagiaires », « la prochaine étape de cette longue marche des Québécois et Québécoises vers un modèle de société où tout le monde a accès à l’éducation », a-t-il dit.

« Avec la crise du logement qui n’a pas d’allure, l’inflation, vous devez étudier à temps plein et travailler en plus. Vous vous endettez comme des malades. Ça n’a pas de bon sens! La rémunération des stages, c’est essentiel », a quant à lui déclaré son collègue Sol Zanetti, député de Jean-Lesage et responsable solidaire en matière d’enseignement supérieur.

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Pour ce qui est du Cégep Limoilou, une grève de trois jours se tient cette semaine. Il s’agit toutefois d’une mobilisation sans piquetage, une levée de cours du 26 au 28 mars, telle qu’annoncé vendredi dernier par la Direction des affaires étudiantes et communautaires. Même si la grève affecte essentiellement les étudiants à la technique en soins infirmiers, Jacob Murray rappelle pour sa part que cette situation touche également les jeunes qui vont poursuivre leur parcours scolaire à l’université.

« Dans tous les cas, la non-rémunération des stages concerne tout le monde, car les gens qui forment notre filet social au Québec travaillent dans le milieu hospitalier, en éducation », soutient le secrétaire à la mobilisation de l’AGEECL.

« On a réussi à obtenir une levée de cours, après une mobilisation agréablement surprenante, disons. 200 personnes (NDLR : 5,2 % des 3 900 étudiants) étaient présentes dans le grand escalier pour voter en assemblée générale. C’est du jamais vu, du moins depuis la pandémie », avance M. Murray.

« Il y a une mobilisation étudiante qui est en train de renaître aussi, qui va pouvoir se diriger vers d’autres enjeux, comme l’environnement, par exemple. »

Rémunération des stages étudiants : voici la motion adoptée à l’unanimité le 30 mars 2023

« Que l’Assemblée nationale prenne acte des revendications des étudiants universitaires et collégiaux du Québec (…) dénonçant la non-rémunération de plusieurs stages du secteur public, qu’elle partage leur constat, que ces stages non-rémunérés touchent majoritairement des métiers à prédominance féminine.

Qu’elle salue l’engagement courageux des étudiants à faire entendre leur opinion et rappelle que la voix des jeunes est importante pour les élus. Qu’elle rappelle qu’afin de faire de la fonction publique un employeur de choix face au secteur privé, qu’il est nécessaire de valoriser ces emplois.

Enfin, qu’elle demande au gouvernement de reconnaître le statut de salarié aux étudiants stagiaires du secteur public. »

La question des stages non rémunérés touche beaucoup à des domaines à prédominance féminine.
Crédit photo: Thomas Verret

Une semaine de mobilisation étudiante se déroule ainsi aux quatres coins de la province pour dénoncer l’absence de rémunération des stages étudiants dans le secteur public.

À Québec, la Confédération des associations d’étudiantes et d’étudiants de l’Université Laval (CADEUL), un regroupement représentant 89 associations et regroupant au total 35 000 membres du premier cycle, y prend part, en plus des associations générales des cégeps Limoilou et Garneau.

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