Nos Cassandre : Le poids de la conscience

L’Homme finira-t-il par apprendre de ses erreurs, à écouter les personnes qui osent tirer la sonnette d’alarme? C’est la question posée en filigrane dans Nos Cassandre, en ce moment à La Bordée, qui retrace la carrière de la docteure Joanne Liu.

Celle qui a été présidente de l’organisme Médecins sans frontières fut aux premières loges de crises humanitaires en Lybie, à Haïti, au Darfour… des guerres, de la torture et des viols systématiques, des épidémies de choléra et d’Ebola.

En une heure dix à peine se superposent les épisodes, assez pour avoir mal au cœur de toute cette souffrance qui perdure.

Combattre la torpeur

On ne pense pas, chaque fois qu’on a en main un téléphone portable, aux conditions de travail sordides de celles et ceux qui s’empoisonnent à chaque étape de la chaîne de montage de l’appareil. On ne retient plus son souffle en attendant que la Russie cesse d’attaquer l’Ukraine ou que la paix règne enfin au Moyen-Orient, en Syrie, au Yémen.

L’information en continu, qui diffuse la réalité en direct, sans filtre, finit par devenir un bruit de fond. Imitation du réel, l’art parvient ici à nous secouer de la torpeur. Cela est notamment dû aux interprètes, dont le travail touche la cible.

Jade Barshee incarne Joanne Liu et son engagement indéfectible. Un phare dans les ténèbres de l’humanité : son lien avec l’un des personnages joués par Phara Thibault, une amitié qui traverse les âges.

Une fois encore, Anne-Marie Olivier puise au cœur de l’humain pour livrer un texte vrai, brut, et qui vise juste. De même, la mise en scène de Frédéric Dubois, toute simple, fait entrevoir tantôt l’horreur, tantôt la lumière.

Nos Cassandre fait le pari que le courage, la bonté, l’éthique pèseront suffisamment dans la balance pour sauver le monde. À l’issue du spectacle, on aurait envie d’y croire.

La pièce est à l’affiche à La Bordée jusqu’au 18 mai.