Slavko Sebez, M. Sc. Santé communautaire, s'est impliqué pendant plusieurs années comme représentant de la santé publique dans le dossier de la qualité de l'air. Il détaille ici la question qui devrait être posée au ministre de l'Environnement Benoît Charette.
Important écart entre les valeurs de référence de l’indice de la qualité de l’air et les niveaux recommandés par l’OMS
Slavko Sebez, M. Sc. Santé communautaire, s’est impliqué pendant plusieurs années comme représentant de la santé publique dans le dossier de la qualité de l’air. Il détaille ici la question qui devrait être posée au ministre de l’Environnement Benoît Charette.
L’indice de la qualité de l’air (IQA) est un outil d’information et de sensibilisation conçu pour renseigner la population sur la qualité de l’air de leur région, tel que le prévoit l’article 47 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).
L’IQA évalue si l’air ambiant est « bon », « acceptable » ou « mauvais » suivant la mesure dans l’air des particules fines (PM2.5) et de l’ozone (O3) par rapport à une valeur de référence pour la santé déterminée par le MELCC (Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs).
Rappelons que les autorités concernées recommandent de vérifier la qualité de l’air afin de déterminer à quel moment vous devriez prendre des précautions pour protéger votre santé.
Cependant, aucun avertissement n’est communiqué à la population lorsque l’indice de la qualité de l’air (IQA) affiche la qualité de l’air «acceptable» (IQA : 26 à 50).
Précisons que l’IQA : 26 indique que la concentration des particules fines (PM₂,₅) est égale ou plus grande que 18,2 µg/m3.
Donc, l’IQA affiche la qualité de l’air «acceptable» même si les concentrations PM₂,₅ dépassent de la limite de concentration recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 15 μg/m3 (moyenne 24 h).
En ce qui concerne le dioxyde d’azote (NO2), l’écart entre les valeurs de référence d’IQA et les niveaux de qualité de l’air recommandés par l’OMS est encore plus grand.
En effet, l’indice de la qualité de l’air (IQA) affiche la qualité de l’air « bon », même si les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) atteignent la valeur de 203,65 µg/m3 (IQA : 25), soit 8 fois la limite de concentration recommandée par l’OMS de 25 µg/m3 (moyenne 24 heures).
L‘objectif général de lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air est d‘offrir des recommandations sanitaires quantitatives sur la gestion de la qualité de l‘air, exprimées en concentrations à long ou court terme d‘un certain nombre de polluants atmosphériques majeurs.
« Le dépassement des niveaux recommandés dans les lignes directrices de l’OMS est associé à des risques importants pour la santé publique ».
Ajoutons également que les PM10, c’est-à-dire les particules respirables dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, ne sont pas concernées par le programme de surveillance de la qualité de l’air au Québec (IQA).
Pourtant, des résultats récents montrent qu’une augmentation de 10 µg/m3 des niveaux de PM10 du jour et des cinq jours précédents se traduit par une augmentation de 0,5% de la mortalité non accidentelle. Cette augmentation est plus élevée chez les 75 ans et plus (+1,04%).
Pour bien renseigner la population sur la qualité de l’air de leur région, certains pays ont révisé et adopté des nouveaux indices plus représentatifs de l’état de la qualité de l’air (ex. : Indice ATMO, France).
Rappelons que «les directeurs de santé publique ont le rôle d’informer la population sur différentes situations comme l’état de santé de la population en général, des priorités concernant certaines problématiques de santé, des personnes les plus vulnérables et des facteurs de risques possibles».
La population aimerait bien savoir ceci : « Quelles actions les autorités concernées envisagent de mettre en œuvre pour renseigner adéquatement la population sur la qualité de l’air de leur région, tel que le prévoit l’article 47 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) »?
Slavko Sebez, M.Sc. Santé communautaire
Références
Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. https://www.iqa.environnement.gouv.qc.ca/contenu/index.asp
Foire aux questions, Indice de la qualité de l’air / Info-Smog https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/foire_questions/index.htm
Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air, Résumé d’orientation, 2021 https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346555/9789240035423-fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y
Pollution de l’air : des effets à court terme, Santé publique – France, 27 juin 2019 https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/articles/pollution-de l-air-des-effets-a-court-terme
Gouvernement du Québec, Prévenir les effets de la pollution de l’air sur la santé . https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-et-environnement/prevenir-les-effets-de-la-pollution-de-l-air-sur-la-sante
Airparif, La réglementation en France. https://www.airparif.fr/la-reglementation-en-france
Cellule Interrégionale de l’Environnement, Belgique. https://www.irceline.be/fr/qualite-de-lair/mesures/belaqi-indice-de-la-qualite-de-lair/information
Rôle et mandat des directeurs de santé publique du Québec. https://www.indexsante.ca/chroniques/613/role-et-mandat-des-directeurs-de-sante-publique-du-quebec.php
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