Les critiques ne se sont pas faites attendre à la suite du lancement ce matin par le gouvernement du Québec d'un questionnaire en ligne sur la mobilité dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches.
Consultation sur la mobilité : aussitôt lancée, aussitôt critiquée
Les critiques ne se sont pas faites attendre à la suite du lancement ce matin par le gouvernement du Québec d’un questionnaire en ligne sur la mobilité dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches.
Promise à l’automne par François Legault au lendemain de sa cuisante défaite dans Jean-Talon, cette consultation publique vise notamment à sonder la population concernant les projets de troisième lien routier et de réseau structurant de transport en commun.
« Pour notre gouvernement, il est primordial d’être connecté sur les besoins des citoyens afin de prendre les meilleures décisions pour aujourd’hui et pour demain », soutient dans un communiqué, mardi, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.
L’épouvantail du 3e lien
Au lendemain de la victoire de Pascal Paradis du Parti québécois à l’élection partielle dans Jean-Talon, en octobre, François Legault avait promis de consulter la population au sujet de la mobilité dans la grande région de Québec. Le premier ministre avait alors déterré le projet d’un 3e lien autoroutier, abandonné quelques mois plus tôt.
Critiques virulentes des oppositions
Les partis d’opposition y voient d’ailleurs une stratégie peu subtile pour ramener le 3e lien à la vie.
« Le 3e lien est mort et enterré et c’est la CAQ qui tient la pelle, ce n’est pas une consultation qui arrive 10 ans en retard qui va changer ça », a réagi par écrit le responsable solidaire des transports, Étienne Grandmont.
Le député de Taschereau se questionne ainsi sur les réelles intentions du premier ministre.
« Est-ce que François Legault lance une consultation seulement pour pouvoir faire une 3e campagne électorale sur le 3e lien? »
L’élu de Québec solidaire écorche au passage le bilan des caquistes dans la région depuis 2018.
À ses yeux, « la CAQ n’est pas à la hauteur pour notre Capitale-Nationale ».
« Les gens de Québec et de partout méritent mieux que le fantôme d’un projet autoroutier de 10 milliards. En 6 ans, la CAQ n’a rien livré pour notre Capitale-Nationale », déplore M. Grandmont.
Tir groupé de la coalition Non au 3e lien
Six organismes membres de cette coalition qualifient le sondage de « biaisé et orienté ».
« C’est prendre la population pour des idiots que de dévoiler une série de questions aussi orientées. Il n’y a rien de sérieux dans le processus dévoilé aujourd’hui. Au contraire, le gouvernement continue de se décrédibiliser sur les questions de mobilité », estime Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale.
Ce regroupement considère que le gouvernement Legault « improvise encore par manque de vision ».
« C’est probablement un des sondages les plus biaisés que j’ai vu. Une grande quantité de questions sur l’ajout de nouveaux axes routiers ou de nouveaux liens, aucun mot sur nos infrastructures existantes comme les ponts et le traversier et sur leur entretien. Il est très clair qu’on ne souhaite pas élargir nos perspectives ou saisir les réels besoins de mobilité, on souhaite se faire dire ce qu’on veut entendre », dénonce quant à elle la porte-parole d’Accès transports viables, Angèle Pineau-Lemieux.
Après la mise sur pause du tramway et le mandat confié à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) de présenter une proposition de projet en juin, le lancement de la plateforme web constitue un autre exemple de « l’improvisation dont fait preuve le gouvernement dans ce dossier depuis le début », toujours selon la coalition Non au 3e lien.
« C’est comme si on avait rien appris des erreurs passées. On ne s’attend pas d’un gouvernement à ce qu’il gouverne par sondage au gré du vent, mais bien qu’il prenne des décisions responsables en se basant sur la science et sur des processus sérieux de planification et de gouvernance des projets de transport, qui sont pourtant normés et connus », affirme pour sa part le directeur général de Vivre en Ville, Christian Savard.
Le maire Marchand sceptique
De son côté, Bruno Marchand doute que la consultation sur internet de la CAQ permette d’apprendre de nouvelles informations. Ce dernier estime que « l’exercice manque de vision ».
Interrogé en marge d’un forum sur l’innovation à Sainte-Foy, il a souligné la nécessité « de voir la question de la mobilité dans son ensemble ». D’après lui, il faut regarder également du côté de la desserte fluviale, du transport à la demande, de la mobilité active, etc.
« Ça m’étonne du ministère des Transports qu’on soit encore en train de se demander : est-ce que ça s’arrête au transport structurant, aux autos et aux autobus », a-t-il répondu aux médias.
M. Marchand rappelle aussi que son homologue de Lévis, Gilles Lehouillier, et lui ont « une vision claire de la mobilité dans la région », alors que le gouvernement « se restreint dans ses options à l’étude ».
Voici le lien de la consultation. Les personnes intéressées ont jusqu’au 22 mars pour remplir le questionnaire.
En parallèle, le gouvernement Legault a confié un mandat de 35 000 $ à la firme SOM afin de mener un sondage sur la mobilité.
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