40 cégeps du Québec, dont les cégeps Garneau et Limoilou, cosignent une lettre dans laquelle ils dénoncent notamment le gel du recrutement applicable au personnel administratif n'offrant pas de services directs aux étudiants, en vigueur depuis le 1er novembre et sans date de fin définie.
Des coupes budgétaires «catastrophiques» pour les cégeps
40 cégeps du Québec, dont les cégeps Garneau et Limoilou, cosignent une lettre dans laquelle ils dénoncent notamment le gel du recrutement applicable au personnel administratif n’offrant pas de services directs aux étudiants, en vigueur depuis le 1er novembre et sans date de fin définie.
Le responsable solidaire en matière d’enseignement supérieur, Sol Zanetti, regrette que ce gel d’embauche de personnel administratif dans les cégeps se fasse au détriment d’une population étudiante en croissance comme jamais depuis 25 ans dans la province.
« Ça va ralentir toute l’administration et avoir un impact sur les services aux étudiants », déplore M. Zanetti.
« Ça va désorganiser les cégeps et avoir des conséquences en cascade qui sont terribles. »
Selon le député de Jean-Lesage, les employés du réseau collégial en subiront aussi les contrecoups, alors qu’il y a déjà beaucoup de pression sur le personnel des cégeps, sans compter les remplacements et les départs à la retraite à combler, ou encore les difficultés de recrutement.
« Puis là, on va les mettre dans une situation de vulnérabilité, dans des situations où ils vont pouvoir faire des burnout […] ça va encourager des gens à quitter le domaine de l’éducation, alors qu’on est en pénurie de main-d’œuvre (sic). »
« Donc, pour moi, ce gel-là, c’est une catastrophe », résume le responsable solidaire en matière d’enseignement supérieur.
En mode solutions
Depuis l’annonce, le Cégep Garneau travaille pour sa part à évaluer les conséquences de ce gel et à trouver des solutions pour en réduire les impacts, tant pour le personnel que la communauté étudiante. La porte-parole de l’établissement, Andrée-Anne Stewart, nous indique par écrit que tous les efforts sont présentement déployés en ce sens.
« Notre priorité est de préserver un environnement de travail stable et de maintenir notre engagement envers nos étudiants et nos étudiantes, malgré les contraintes imposées. »
Le Cégep Garneau compte près de 6 300 étudiants inscrits à la session d’automne 2024, ce qui correspond à une hausse de 5,9% comparativement à pareille date l’an dernier.
« Plus le nombre d’étudiantes et étudiants augmente, plus les besoins administratifs, par exemple la gestion des locaux, la sécurité ou encore le soutien informatique, sont grandissants. Le personnel administratif est indispensable au travail du corps professoral », souligne d’ailleurs Mme Stewart.
Baisse drastique des dépenses
Au cours de l’été, les cégeps ont également appris qu’ils ne pourraient pas dépenser l’entièreté des sommes allouées à leur budget d’infrastructures et d’achat de matériel.
Dans certains cas, cela force des cégeps à couper de moitié le budget pour acheter du matériel et entretenir des bâtiments.
« Donc, il y a plein d’achats de matériel qui ont été annulés : des bibliothèques qui n’achètent plus de livres, des laboratoires qui doivent fonctionner avec du matériel défectueux […] ça ralentit les classes, des cours sont compromis. C’est une décision qui n’a aucun bon sens. D’annoncer ça alors que l’année financière est commencée et que des engagements ont été pris, c’est de la très, très, mauvaise gestion », estime M. Zanetti.
Les 40 cégeps cosignataires s’inquiètent ainsi que ces coupes budgétaires pourraient les empêcher de bien remplir leur mission, alors qu’on prévoit une augmentation de 20% du nombre d’étudiants collégiaux d’ici 2033.
« Cette bonne nouvelle semble paradoxalement se transformer en un fardeau pour nos cégeps, qui sont confrontés au manque d’investissement pour le maintien des infrastructures, au plafonnement des dépenses, à des restrictions sur les heures rémunérées et à un gel de recrutement », peut-on lire dans une lettre envoyée au premier ministre François Legault, à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, et à la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel.
Ces récentes décisions gouvernementales « menacent l’autonomie » des établissements et « leur saine gestion », ajoute-t-on.
« Il est donc crucial qu’on nous laisse établir les priorités de nos établissements en fonction de nos réalités respectives. […] Alors que la demande en main-d’œuvre qualifiée ne cesse de croître, le gouvernement impose des mesures qui étouffent la capacité des cégeps à répondre aux réalités locales. […] Pourtant, ces spécificités locales sont ignorées dans une approche centralisée qui ne laisse que peu de marge de manœuvre à nos établissements. »
Un air de déjà vu
Sol Zanetti avance que le Québec rejoue actuellement « dans le film de l’austérité libérale » à travers le gouvernement de la CAQ. À ses yeux, l’État québécois devrait trouver des nouveaux moyens d’augmenter ses revenus, et non pas couper dans les services publics. Il souhaite ainsi que le cri du cœur de ces 40 cégeps fasse entendre raison au gouvernement caquiste.
« Je trouve ça très dangereux et j’invite vraiment le gouvernement à augmenter les revenus de l’État, c’est sa responsabilité de le faire », plaide le député de Jean-Lesage.
« Aller taxer les multinationales, les milliardaires, les minières, les géants du Web et tout ça : il y a beaucoup d’argent à aller chercher là », soutient M. Zanetti.
« Allons donc chercher là-dedans, plutôt que de couper dans nos services essentiels », de conclure le responsable de Québec solidaire en matière d’enseignement supérieur.
Lire aussi :
Nouvel effort pour sauver les cours de francisation au Centre Louis-Jolliet
Environ 250 personnes s'étaient données rendez-vous devant le Centre Louis-Jolliet mardi [...]
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.