Dans la lettre suivante transmise au maire et aux élu.e.s de la Ville de Québec, le Mouvement pour une ville zéro déchet questionne le focus mis sur les systèmes de chauffage au bois pour l’amélioration de la qualité de l’air, même s'il estime qu'il faut en réduire l’usage en milieux urbains.
Les poêles à bois, argutie ou fait objectif?
Dans la lettre suivante transmise au maire et aux élu.e.s de la Ville de Québec, le Mouvement pour une ville zéro déchet questionne le focus mis sur les systèmes de chauffage au bois pour l’amélioration de la qualité de l’air, même s’il estime qu’il faut en réduire l’usage en milieux urbains.
Monsieur le maire, notre mouvement appuie votre approche de baser vos opinions et décisions sur des faits objectifs!
Vous nous affirmiez mardi dernier, suite à la publication du Rapport sur le portrait de la qualité de l’air du secteur Limoilou-Basse-Ville produit par le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques (GTCA) que la problématique principale affectant la qualité de l’air en Basse-Ville-Limoilou sont les poêles à bois.
Suite à la prise de connaissance de ce document, vous avez dénoncé l’impact important de l’usage des poêles à bois sur la qualité de l’air. Vous nous avez fait part de l’intention de votre administration de sensibiliser et d’agir auprès des utilisateurs de ce système de chauffage.
De fait, le Rapport identifie que le chauffage au bois représente 33 % de la problématique d’émissions de particules fines (PM2,5). Les auteurs précisent que « Notre analyse de la littérature a clairement démontré l’apport de sources situées à l’ouest de Limoilou, notamment le chauffage au bois en hiver » (nous soulignons). (p. 151, 5,4.)
Cependant, contrairement aux affirmations du GTCA, l’étude de Busque (2022) 2) indique que la combustion du bois de chauffage ne serait qu’une source saisonnière amenant une hausse des particules fines dans le secteur Limoilou-Basse-Ville.
« Toujours en hiver, un deuxième pic quotidien, de moindre importance, est observé en avant-midi (entre 8 h et 10 h) aux stations… Ce pic correspond à la période où la population reprend ses activités quotidiennes. À la station EPV, où ce phénomène est le plus marqué, l’apport du chauffage au bois est sûrement responsable d’une bonne partie de cette hausse, car l’heure où survient la hausse et l’environnement de la station ne correspondent pas à une influence directe du transport routier. » (p. 15)
Les données utilisées par le GTCA proviennent de sources de littérature, de données transmises par la Ville de Québec et d’une part importante des données puisées à même l’inventaire des polluants atmosphériques du Canada et par la suite adaptées par extrapolation
à la population de la Ville.
Une question se pose : cette approche traduit-elle un portrait fidèle de notre réalité?
Et si, au lieu de la littérature, nous utilisions le gros bon sens (GBS)?
La problématique de la mauvaise qualité de l’air et des dangers que cela représente est pour les résidents de Limoilou-Basse-Ville depuis des décennies une réalité quotidienne, vécue douze mois par année.
Comment prétendre que les particules fines (PM2,5) provenant des poêles à bois parviennent à impacter nos milieux de vie tout au long de l’année si l’on tient compte des paramètres objectifs suivants?
- la proportionnalité (nombre) d’équipements de chauffage au bois, (quartiers centraux versus la banlieue);
- la variation dans l’usage saisonnier (équipement de chauffage d’appoint, utilisé de façon ponctuelle, lors des périodes de grands froids);
- la corrélation entre la température extérieure et les concentrations de PM2.5 (permettrait d’établir statistiquement la part d’explication qui revient au chauffage);
- les variations dans l’usage horaire (cet équipement demande une présence permettant de l’alimenter);
- les proportions de volume de matériaux utilisés (les milieux ruraux consomment certainement une quantité supérieure de bois et certainement un usage plus intensif qu’en milieu urbain).
Il serait extrêmement facile pour la Ville d’établir la provenance des PM2,5 qui, selon le rapport du GTCA originent de l’usage excessif des poêles à bois affectant ainsi considérablement la qualité de l’air en Basse-Ville-Limoilou. Le Rapport indique que le « lévoglucosane» (p.158) est la signature chimique propre à la combustion du bois.
Pourquoi ne pas l’échantillonner maintenant?
Tout comme il serait facile d’identifier toutes autres signatures chimique d’émission de PM2,5 (dont celle provenant de l’usine d’incinération) tel que recommandé dans le rapport Busque.
Monsieur le Maire, merci de votre engagement à poser des gestes formels et responsables permettant enfin d’améliorer la qualité de l’air des quartiers centraux de la ville.
Marcel Paré pour le Mouvement pour une ville zéro déchet
Sources :
1- https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/ambiant/rapport-gtca/rapportqualite-
air-Limoilou.pdf
2- Busque, D. (2022). Variations spatiotemporelles et saisonnalité des concentrations de particules fines à Québec : 2010-2018. Québec : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction générale du suivi de l’état de l’environnement, 49 p. + 5 annexes. https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/ambiant/variations-spatiotemporellesparticules-finesquebec-2010-2018.pdf
Lire aussi :
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