En réaction à l’annonce de la fin du programme AccèsLogis Québec, et au sujet du nouveau Programme habitation abordable Québec, Stéphane Robitaille, administrateur de la Fédération des coopératives d’habitation de Québec Chaudière-Appalaches (FECHACQ), signe le texte qui suit, transmis par la FECHACQ.
Pas de sortie de crise sans nouvelles coopératives
En réaction à l’annonce de la fin du programme AccèsLogis Québec, et au sujet du nouveau Programme habitation abordable Québec, Stéphane Robitaille, administrateur de la Fédération des coopératives d’habitation de Québec Chaudière-Appalaches (FECHACQ), signe le texte qui suit, transmis par la FECHACQ.
La mise au rancart du programme AccèsLogis vient d’être confirmée par la ministre
responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Après des années de
sous-financement et un refus de le mettre à jour malgré les demandes des acteurs du
développement de l’habitation communautaire et sociale, il semblerait que ce programme ne
donnait plus les résultats attendus!
AccèsLogis aura pourtant permis de créer au Québec 36 800 logements sociaux et
communautaires au cours des 25 dernières années, dont plus de 10 300 logements dans
des coopératives d’habitation. Imaginez si on avait décidé de l’améliorer plutôt que de le
laisser dépérir! Mais non, désormais l’État québécois financera plutôt les promoteurs privés,
seuls garants d’efficacité pour aider les mal-logés… Comme si le privé n’était pas en bonne
partie responsable de la crise du logement!
Ainsi on remplace déjà AccèsLogis par le Programme d’habitation abordable Québec
(PHAQ), un programme d’abord conçu pour financer la construction de logements privés.
Des logements dits « abordables » que la très grande majorité des membres de
coopératives ne pourraient jamais se payer, et dont le prix cessera d’être contrôlé à la fin
d’une entente avec les promoteurs. Jusqu’ici personne n’est capable de nous dire la durée
de cette entente, ce qui n’augure rien de bon. Après quoi, il n’y aura plus de protection
contre les augmentations salées, les rénovictions, les conversions en condos ou en Airb’n’b.
Et rebonjour la crise du logement.
À l’opposé, parce qu’elles sont des propriétés collectives protégées, les coopératives
d’habitation – comme toutes les formes de logements sociaux et communautaires – sont un
rempart solide contre les augmentations de loyers abusives, le dépérissement du tissu
social de nos quartiers et l’exclusion des personnes démunies. Les coopératives apportent
aussi une mixité sociale, la prise en charge de son milieu, le réseautage et la solidarité. Des
richesses que le marché privé n’offrira jamais.
Le défaut des logements sociaux et communautaires, c’est simplement de ne pas suffire à la
demande. Plus de 40 000 ménages québécois se trouvent sur une liste d’attente en ce
moment pour obtenir un logement social, dont 2000 dans la région de Québec, en plus de
milliers d’autres à revenus modestes qui attendent pour une place en coopérative
d’habitation. Alors Madame la ministre, il nous faut de toute urgence un programme adéquat
pour en créer en nombre suffisant. Les besoins augmentent de jour en jour et il n’existe
aucun autre moyen pour sortir durablement de la crise.
Dans la région de Québec, nous assistons à une augmentation sans précédent des prix des
loyers dans les quartiers centraux comme St-Jean-Baptiste, Limoilou ou St-Sauveur. Ça fait
déjà plus de 10 ans qu’aucune coopérative ne s’est développée dans le centre-ville. Des
groupes de citoyens et de citoyennes mobilisés à Québec attendent présentement des
nouvelles du ministère pour que leurs projets de coopératives d’habitation voient enfin le
jour, en vain. Ce sont des centaines de ménages qui peu à peu perdent espoir.
Nous espérons fortement que le budget à venir puisse permettre aux ménages Québécois
de se loger décemment. Le logement ne doit pas être une marchandise mais bien un droit
garanti pour tous et toutes!
Stéphane Robitaille
Administrateur de la Fédération des coopératives d’habitation de Québec,
Chaudière-Appalaches
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