Logement social : il y a urgence d’agir, selon le FRAPRU

Des voix s'élèvent contre l'inaction du gouvernement caquiste en matière de logement social. Une manifestation du FRAPRU, le Front d'action populaire en réaménagement urbain, a convergé vers l'Assemblée nationale aujourd'hui.

Logement social : il y a urgence d’agir, selon le FRAPRU | 16 février 2023 | Article par Thomas Verret

Une manifestation a réuni des centaines de locataires à Québec.

Crédit photo: gracieuseté

Des voix s’élèvent contre l’inaction du gouvernement caquiste en matière de logement social. Une manifestation du FRAPRU, le Front d’action populaire en réaménagement urbain, a convergé vers l’Assemblée nationale aujourd’hui.

Ce rassemblement du FRAPRU regroupait des centaines de locataires en provenance notamment de Québec, Montréal, Trois-Rivières, Sherbrooke et Joliette. Des organismes communautaires, des groupes de femmes et de nombreux citoyens ont marché dans les rues de la Vieille Capitale pour faire entendre leur mécontentement.

Les personnes engagées dans cette cause sociétal y ont déposé la maquette d’un char allégorique illustrant « l’urgence d’agir » partout en province. Ces manifestants exhortent le gouvernement Legault de financer le logement social, « à la hauteur des besoins », dans son prochain budget.

La manifestation venait conclure une tournée provinciale du FRAPRU visant à porter la voix des ménages mal logés auprès du gouvernement Legault.
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Revendications

Le FRAPRU implore Québec « d’assumer ses responsabilités à l’égard du droit au logement ». Ce regroupement exige ainsi la création 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans.

« Il faut augmenter substantiellement la part occupée par le secteur social, sans but lucratif qui ne représente actuellement que 10 % du parc locatif québécois », plaide la porte-parole Véronique Laflamme.

Les logements abordables, une « denrée rare »

Le FRAPRU appuie ses revendications sur les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) qui démontrent que « la situation du marché locatif se détériore rapidement au Québec ». En effet, les derniers recensements confirment que « des mesures structurantes » s’imposent. De 2016 à 2021, les chiffres font état de la perte de 116 000 logements locatifs au loyer inférieur à 750 $.

Plusieurs municipalités qui résistent à cette tendance pourraient « subir le même sort » que les régions métropolitaines, avance le regroupement. D’où l’importance d’agir promptement.

« Cette explosion du coût des loyers et l’effritement du parc de logements locatifs encore abordables ont des conséquences graves », met en lumière Mme Laflamme.

Le loyer moyen a augmenté de 8,6 % en l’espace d’un an à l’échelle de la province. Cette citoyenne ironise à propos de cette situation désolante.
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Stratégie gouvernementale inadéquate

« Une sortie de crise ne peut pas reposer uniquement sur l’augmentation de l’offre de logements locatifs, insiste la représentante du FRAPRU. Les logements privés récemment construits se louent à des prix « beaucoup plus chers », ce qui ne fait que contribuer à l’inflation.

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Selon Véronique Laflamme, cette façon de faire ne répond pas aux véritables besoins.

« Force est de constater qu’il se construit beaucoup moins de logements répondant à la capacité de payer des ménages locataires à faible et modeste revenus qu’il s’en perd. »

Le gouvernement fait « du surplace », estime le FRAPRU

Enfin, Mme Laflamme demande au premier ministre François Legault « de prendre la pleine mesure de l’urgence ». Le gouvernement du Québec se fait reprocher son inefficacité, alors que les locataires désespèrent à vitesse grand V. Les ménages locataires à modestes revenus peinent de plus en plus à joindre les deux bouts dans le contexte économique actuel. Tous ces gens se sentent « déjà abandonnés », déplore la porte-parole du FRAPRU.

Seul le secteur sans but lucratif peut contribuer à une augmentation pérenne du parc de logements abordables, croit le regroupement.

« L’insuffisance de logements sociaux nourrit la crise », peste Véronique Laflamme.

Ces gens jugent les efforts du gouvernement provincial bien trop maigres pour faire face à la crise du logement.
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Dommages collatéraux

Les ménages locataires n’ont « aucune alternative », aucune bouée de secours, particulièrement les plus vulnérables. Les déménagements forcés sont plus nombreux que jamais. Que ce soit à cause d’une éviction, d’une reprise de logement, de violence conjugale, parce que la famille s’agrandit ou tout simplement en raison d’une incapacité de payer. Qui plus est, les longs délais d’attente pour l’accès à un logement social génèrent de l’itinérance « visible » et « cachée », toujours selon le FRAPRU.

En ce moment, plus de 38 000 ménages attendent après une habitation à loyer modique. Plusieurs autres milliers de personnes espèrent obtenir une place en coopérative ou encore en OSBL d’habitation. Ces chiffres ne vont qu’en empirant. Les 5 152 logements sociaux construits dans les quatre dernières années s’avèrent largement insuffisants, tranche le FRAPRU.

« Pire, aucune unité n’est actuellement disponible dans un programme gouvernemental québécois pour soutenir la construction de nouveaux logements sociaux, comme AccèsLogis », ajoute Véronique Laflamme.

Ce manque « ralentit » et « complexifie » le développement de nouveaux projets, souligne-t-elle.

D’ailleurs, la Banque Scotia partage cet avis. Dans une récente analyse économique, l’institution financière conclut qu’« il faudrait minimalement doubler le nombre de logements sociaux ».

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