Ici vécut: René Chaloult, au 1165, avenue des Érables

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Le député René Chaloult (1901-1978) est surtout connu pour son rôle dans l’adoption du fleurdelisé comme drapeau du Québec.

<em>Ici vécut</em>: René Chaloult, au 1165, avenue des Érables | 24 juin 2023 | Article par Simon Bélanger

René Chaloult a vécu dans cette maison de l'avenue des Érables, entre 1940 et 1942.

Crédit photo: Simon Bélanger

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Le député René Chaloult (1901-1978) est surtout connu pour son rôle dans l’adoption du fleurdelisé comme drapeau du Québec.

Le drapeau fleurdelisé célèbre en 2023 ses 75 ans d’existence. En ce jour de Fête nationale du Québec, il semble aller de soi de rappeler la vie d’un homme lié de près à son histoire, le député René Chaloult.

Résidence de l’avenue des Érables

René Chaloult a vécu de 1940 à 1942 au 1165, avenue des Érables, dans le quartier Montcalm. L’endroit a été construit en 1901 pour le commerçant de tabac Edward H. Walling. La firme d’architectes Staveley et Staveley (Harry et Edward B.) avait conçu les plans du jumelé, tandis que P.A. Lamonde avait été engagé comme entrepreneur.

Le bâtiment rappelle la prédilection du début du XXe siècle pour les styles historiques anglais et le retour de la brique rouge comme matériau de revêtement en façade. La fiche patrimoniale produite par la Ville de Québec précise qu’il s’agit d’une « brique pressée, quasi vernissée, d’une qualité exceptionnelle ».

Cette résidence fait partie des dernières maisons de ville construites avant la Première Guerre mondiale.

Formation et débuts comme avocat

Le politicien est né à Québec le 26 janvier 1901. Son père B.-René Chaloult est un marchand.

René Chaloult étudie chez les Sœurs du Bon Pasteur, puis au Petit Séminaire de Québec. Il se dirige ensuite vers l’Université Laval, où il est licencié en philosophie et en droit. Il obtient également un diplôme en littérature française de l’École normale supérieur. René Chaloult est admis au Barreau en 1927 et commence à pratiquer la profession d’avocat.

Il s’associe d’abord avec Marie-Louis Beaulieu et Guy Hudon. En compagnie de ce dernier, il forme le cabinet Chaloult et Hudon. René Chaloult devient brièvement avocat de la Commission des écoles catholiques du Québec en 1936.

Entrée en politique et départ hâtif

René Chaloult s’implique dans l’Action libérale nationale (ALN), un parti politique d’abord formé par des membres dissidents du Parti libéral du Québec (PLQ) en 1934. Ceux-ci sont insatisfaits des politiques et de la gestion du premier ministre libéral Louis-Alexandre Taschereau. L’ALN défend un Programme de restauration sociale, pour régler les problèmes causés par la crise économique des années 1930.

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En 1935, l’ALN s’allie avec le Parti conservateur du Québec de Maurice Duplessis. Les deux partis partagent des convictions semblables sur l’autonomie du Québec et sur le besoin de défaire le gouvernement Taschereau, considéré comme corrompu. Les deux partis se partagent les circonscriptions pour ne pas s’affronter directement. Le PLQ remporte quand même cette élection.

En 1936, le chef de l’ALN Paul Gouin retire son appui à Maurice Duplessis, mais plusieurs membres de l’ALN se joignent au nouveau parti qu’il dirige : l’Union nationale. René Chaloult est élu député du district de Kamouraska sous cette bannière.

Le politicien met peu de temps pour se placer en porte-à-faux avec « le Cheuf », surnom attribué au premier ministre Duplessis. Insatisfait de la composition du Conseil des ministres après la victoire électorale, René Chaloult refuse de se lever pour saluer les nouvelles nominations.

En 1937, il claque la porte de l’Union nationale avec d’autres anciens de l’ALN : Philippe Hamel, Ernest Grégoire et Oscar Drouin. Ils se feront octroyer le surnom de « quatre mousquetaires » par l’historien Alexandre Dumas. Maurice Duplessis se fait reprocher de ne pas respecter ses promesses électorales, dont la nationalisation de l’électricité.

Changements de parti et procès

En 1939, René Chaloult change d’allégeance se présente comme candidat indépendant, cette fois-ci dans Lotbinière. Il remporte son pari et fait ensuite alliance avec les libéraux d’Adélard Godbout en 1940 et 1941.

Cette union ne dure pas longtemps, puisque René Chaloult ne partage pas les mêmes positions que les libéraux sur l’autonomie provinciale, en plus de s’opposer farouchement à la conscription.

Ses propos lors d’un discours anti-conscription, prononcé en 1942, sont même considérés comme séditieux par le ministère fédéral de la Justice. René Chaloult est accusé d’être un ennemi de la nation et doit subir un procès. Le député est cependant acquitté.

René Chaloult (au centre), au moment de son procès.
Crédit photo: Bibliothèque et Archives nationale du Québec, Fonds La Presse

Autre changement de parti : en 1942, René Chaloult appuie le Bloc populaire canadien, un parti autonomiste et anticonscriptionniste.

En 1944, des dissensions apparaissent et René Chaloult quitte le Bloc populaire, en compagnie de Philippe Hamel et de Paul Gouin.

En 1944 et en 1948, René Chaloult remporte ses élections, cette fois comme candidat indépendant dans la circonscription de Québec. René Chaloult se représente de nouveau en 1952 et en 1956, cette fois sans succès.

Adoption du fleurdelisé

Le drapeau actuel tient ses origines de la bannière bleu ciel utilisée lors de la « bataille de Carillon ». Elle portait en son centre l’écu de France et des fleurs de lys d’argent s’affichaient dans les coins.

En 1902, un prêtre de Saint-Hyacinthe hisse un drapeau semblable, avec des fleurs de lys blanches, sur son presbytère.

L’année suivante, on y ajoute un Sacré-Cœur entouré de feuilles d’érable. La Société Saint-Jean-Baptiste de Québec utilise ce drapeau officiellement à partir de 1926.

En 1935, l’Assemblée législative retire le Sacré-Cœur, comme il s’agissait d’un emblème religieux. Le drapeau porte alors le nom de fleurdelisé.

Le 2 décembre 1947, le député René Chaloult dépose une motion à l’Assemblée législative, afin de réclamer un nouveau drapeau pour le Québec. La province utilise alors le Blue Ensign, un drapeau bleu qui arbore encore l’Union Jack dans le coin supérieur gauche, rappelant la filiation avec le Royaume-Uni.

Maurice Duplessis manifeste encore des réserves sur le choix du fleurdelisé, pensant placer en son centre les armoiries du Québec ou une couronne rouge. Des discussions se tiennent entre Duplessis, Chaloult et le chanoine Lionel Groulx.

La motion du député Chaloult doit être débattue le 21 janvier 1948, mais le fleurdelisé est consacré comme drapeau officiel du Québec par le Conseil des ministres le matin-même. Depuis cette journée, il flotte sur l’Hôtel du Parlement.

Plusieurs diront que René Chaloult a été mis devant le fait accompli par le premier ministre Duplessis.

Le drapeau fleurdelisé flotte sur l’Hôtel du Parlement, à Québec.
Crédit photo: Simon Bélanger

Après-carrière

Après son départ de la vie politique, René Chaloult a publié ses mémoires en 1969.

Il a aussi été président de la Société des études juridiques de Québec, récipiendaire de la médaille d’argent du Mouvement national des Québécois en 1973, directeur de la Ligue d’action nationale et membre de la Société Saint-Jean-Baptiste.

René Chaloult est décédé à Québec le 20 septembre 1978, à 77 ans. Il repose dans le cimetière de Kamouraska.

Son combat politique ne s’est pas limité à l’adoption d’un nouveau drapeau. Il a régulièrement pris la parole pour dénoncer les impérialistes, la guerre, la centralisation du pouvoir à Ottawa et les dérives capitalistes.

À Québec, il a laissé son nom à une rue située dans le quartier des Châtels, dans l’arrondissement de La Haute-Saint-Charles.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut. 

Sources:

Assemblée nationale du Québec, portrait de René Chaloult

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Fonds René Chaloult

Fête nationale du Québec, Bref historique du drapeau fleurdelisé

Répertoire du patrimoine culturel du Québec, René Chaloult

Ville de Québec, Fiche d’un bâtiment patrimonial – 1165, Avenue des Érables

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