L’événement Sauvons nos quartiers se tenait mardi, 18 avril, au Club social Victoria, sous l’impulsion des députés solidaires Étienne Grandmont et Sol Zanetti. Une quinzaine de panélistes y ont défilé au micro pour présenter plusieurs facettes de la crise du logement.
Des groupes s’unissent face à la crise du logement
L’événement Sauvons nos quartiers se tenait mardi, 18 avril, au Club social Victoria, sous l’impulsion des députés solidaires Étienne Grandmont et Sol Zanetti. Une quinzaine de panélistes y ont défilé au micro pour présenter plusieurs facettes de la crise du logement.
Une centaine de personnes étaient réunies pour entendre des représentant.e.s du milieu communautaire raconter les défis auxquels leurs organismes font face depuis quelques années.
« La crise du logement a un impact très grand sur les gens que vous représentez et sur votre charge de travail au jour le jour », a souligné d’entrée de jeu Étienne Grandmont, député de Taschereau et animateur de la soirée.
M. Grandmont affirme que ce rassemblement public est au cœur d’un objectif : celui de faire de la crise du logement « un enjeu central dans la Capitale-Nationale et partout au Québec ».
Droit au logement
Nicole Dionne, du Bureau d’animation et information logement du Québec métropolitain (BAIL Québec Métro), a ouvert le bal. Elle est revenue sur la création de l’organisme en 1970. Mme Dionne a souligné que le BAIL, d’abord connu comme le Groupement des locataires de Québec (GLQ), a conservé sa mission de lutter contre les hausses de loyer abusives.
Elle a aussi rappelé une victoire de l’organisme face à Hydro-Québec. À une époque, si le propriétaire ne payait pas le compte d’électricité à temps, les locataires pouvaient se faire couper le courant, même si leur loyer était payé.
Mme Dionne, comme plusieurs autres personnes réunies mardi soir, plaide en faveur d’un contrôle des loyers et souhaite poursuivre la lutte.
« La lutte peut être payante, nécessaire et pertinente », affirme la coordonnatrice du BAIL.
Jonathan Carmichael, de la Coalition de Québec contre la hausse de loyer et organisateur communautaire au BAIL, demande également un contrôle des loyers et un registre national. Il a constaté une hausse fulgurante de demandes de calculs par les locataires pour savoir si l’augmentation du coût du loyer est raisonnable.
Il remarque aussi que plusieurs locataires craignent de refuser la hausse demandée par leur propriétaire, par crainte de représailles.
Coopératives, maisons de chambres et Airbnb
Véronique Laflamme, du FRAPRU, a déploré la fin du programme québécois AccèsLogis, « un programme pas parfait, mais qui répondait à des besoins ».
AccèsLogis, un programme de construction de logements sociaux, a été remplacé par le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui s’est à la fois attiré les critiques des groupes communautaires et des municipalités.
Ce nouveau programme a d’ailleurs été condamné par plusieurs intervenant.e.s durant la soirée, dont Bruno Dion, d’Action-Habitation, pour qui « le PHAQ n’est pas un programme de logement social ».
Blanche Paradis, de la Coopérative du haut de la rue, dans Beauport, a ensuite raconté le dédale administratif dans lequel son groupe est plongé depuis l’approbation de leur projet de coop d’habitation à l’été 2022. Nous en avions glissé un mot en mars dernier.
Marie-Hélène Vallée, du Comité maison de chambres, a rappelé que ces logements sont souvent une première étape pour sortir une personne de l’itinérance. Elle déplore toutefois que, malgré l’instauration d’un moratoire pour empêcher la conversion des maisons de chambre, les fermetures et les évictions illégales se poursuivent.
Elle a offert l’exemple d’une maison de chambres achetée par de nouveaux propriétaires, qui haussent le loyer de 40 % à 60 %, afin d’en faire des logements pour travailleur.euse ou étudiant.e.
« Des fois, on se sent impuissant », soupire Mme Vallée.
De son côté, Marie-Noëlle Béland, directrice générale de la Table de quartier Engrenage Saint-Roch, s’est intéressée à Airbnb. Le sujet a fait les manchettes récemment, après le décès de sept personnes dans un logement illégal du Vieux-Montréal en mars 2023.
Mme Béland a souligné que 5 % des logements de tout le quartier Saint-Roch sont disponibles en location sur Airbnb, ce qui correspond à un total de 400 logements. Elle a aussi calculé que 82 % des logements sont affichés par des gens qui ont plusieurs annonces sur la plateforme de location touristique.
« L’offre de logement ne répond pas à la demande. C’est insensé qu’on laisse des logements résidentiels vides une grande partie de l’année », déplore Marie-Noëlle Béland.
Lutte à la pauvreté
Virginie Larivière, du Collectif pour un Québec sans pauvreté, a de son côté souligné que la crise du logement ajoute à la précarité économique. Elle a rappelé l’explosion de la demande dans les banques alimentaires.
De son côté, Lydia Monmart, directrice générale du GRAPE (Groupe de Recherche en Animation et Planification Économique), rappelle que plusieurs propriétaires peuvent appliquer des critères sélectifs et discriminatoires.
Ainsi, des mères monoparentales et des gens qui sortent de détention feraient face à de plus grandes difficultés pour trouver un logement.
Judy Coulombe, du Regroupement des groupes de femmes, a quant à elle rappelé que le manque de logements sociaux nuit en premier lieu aux femmes. Pour Mme Coulombe, cette pénurie peut avoir un impact sur les femmes victimes de violence conjugale qui se cherchent un nouveau logement, surtout dans la période suivant la séparation.
Fermetures de RPA
Dans un témoignage émotif, Stéphane Robitaille est revenu sur la période difficile vécue par sa mère de 86 ans dans les derniers mois. Celle-ci habite à la Seigneurie de Salaberry, une résidence privée pour aînés (RPA) qui sera transformée en logements locatifs.
Il a rappelé que plus de 300 RPA ont fermé leurs portes au Québec depuis 2020, ce qui conduit à « des centaines de drames humains ».
« Pour les aîné.e.s touché.e.s, c’est énormément de stress et de désarroi », déplore M. Robitaille.
Il ajoute d’ailleurs que plusieurs hésitent à déménager dans d’autres RPA, soulignant qu’il a lui-même visité le Domaine du Parc des Braves, qui fermera aussi ses portes à la fin de l’année.
M. Robitaille invite la Ville de Québec à changer le zonage pour empêcher la conversion des RPA et lui demande d’utiliser son nouveau droit de préemption pour retirer les RPA du secteur privé.
Besoins en logement
Trois groupes ont conclu la soirée en présentant les besoins respectifs de leur communauté en logement.
Catherine Rainville, du Comité des citoyennes et citoyens du Quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), a critiqué le manque de logements sociaux dans le quartier. Elle souligne que la crise du logement frappe particulièrement fort en basse-ville, avec des taux d’occupation de 0,5 % dans Saint-Sauveur et de 0,1 % dans Saint-Roch.
Charles-Olivier Carrier, du Comité d’aide aux locataires de Québec-Ouest (CLAQO), a rappelé que la crise du logement se vivait aussi dans les quartiers périphériques et en banlieue, pas seulement au centre-ville.
Finalement, Marie-Hélène Deshaies et Marie-Joëlle Hotte, de la Table citoyenne littoral Est, sont revenues sur les impacts potentiels du projet InnoVitam sur le parc locatif de Maizerets.
Mme Deshaies a d’ailleurs dénoncé le phénomène de « prédation immobilière », qui s’incarnerait à travers des projets de logements de luxe, comme celui planifié par Brivia.
En conclusion de la soirée, le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, a appelé les gens à continuer de « se battre » pour le logement.
Il a d’ailleurs cité en exemple l’abandon du projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis.
« La communauté à Québec, tellement de monde se sont battus pour dire que ça n’avait pas de bon sens. […] Aujourd’hui, on a vu que ça marche et que quand tu cognes sur un clou longtemps et que ça devient tellement clair pour tout le monde que quelque chose n’a pas d’allure, ça devient insoutenable politiquement de continuer de faire comme si ça n’existait pas», conclut le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti souhaite que le même phénomène s’applique à la crise du logement et invite la population à la manifestation nationale pour la 11e Journée des locataires. Celle-ci se tiendra le lundi 24 avril 2023, au Domaine de Maizerets.
Outre Étienne Grandmont et Sol Zanetti, le député Andrés Fontecilla, de Québec solidaire, et la députée Virginie Dufour, du Parti libéral du Québec, assistaient à la soirée. Des représentant.e.s de Jean-Yves Duclos, ministre fédéral responsable de la région de Québec, de Julie Vignola, députée du Bloc québécois dans Beauport-Limoilou, de la mairie de Québec et de Transition de Québec se trouvaient aussi dans la salle.
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830, Rue Saint-Joseph Est, Québec (Québec), G1K 3C9
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