C'est la fin annoncée des Dollars solidaires, à Québec.
La fin des Dollars solidaires
C’est la fin annoncée des Dollars solidaires, à Québec.
Voilà que c’est au tour de Monnaie locale complémentaire Québec (MLCQ) de jeter l’éponge. L’organisme se rend à l’évidence. La poursuite du projet est impossible sans les deux autres gestionnaires d’une partie de la réserve des Dollars solidaires.
Une impasse insurmontable
À la fin de la dernière année, les Sociétés de développement commercial de Québec et la Chambre de commerce et d’industrie de Québec ont pris la décision commune de mettre un terme à leur portion du projet. MLCQ a ensuite essayé de rappatrier toutes les versions des Dollars solidaires. Les tentatives de l’organisme se sont toutefois avérées infructueuses.
« Malheureurement, les deux autres gestionnaires n’étaient pas en mesure de nous transférer facilement les sommes en réserve et les responsabilités », indique le président Pierre-Alexandre Caron.
Le constat était alors on ne peut plus clair. Avec trois monnaies solidaires différentes en circulation, le projet n’était plus tenable.
« Nos billets sont trop semblables pour qu’on soit en mesure de continuer sans mêler tout le monde. »
En d’autres mots, « les gens n’auraient pas été capables de faire la différence entre les billets des trois phases » du projet.
« Des gens auraient dépensé, de bonne foi, des Dollars solidaires dans les commerces, mais au moment de les convertir, on se serait rendus compte qu’il y a des billets dont on ne dispose pas de la réserve, pour les rembourser. »
Bref, le risque était trop grand pour que MLCQ continue à porter seul le projet des Dollars solidaires.
« On se serait mis dans le pétrin financièrement en faisant ça. »
C’est donc « par la force des choses », faute de solution, que MLCQ se voit également contraint d’abdiquer.
« C’est malheureux. On aurait vraiment aimé continuer. »
Au bout du rouleau
Un autre élément a pesé lourd dans la balance. Le moral est au plus bas actuellement chez MLCQ. Les bénévoles de l’organisme sont épuisés et n’ont plus la force de poursuivre leurs efforts.
« L’énergie du CA et des membres actifs est à zéro en ce moment. »
Enfin, sans financement récurrent, il s’avère impensable pour MLCQ de mettre en circulation une autre monnaie solidaire.
Délai de 12 mois
Ainsi, c’est « un long processus » qui s’entame avant « de pouvoir mettre la clé dans la porte » définitivement. D’abord, la date officielle de la fin du projet doit être déterminée par les partenaires. À partir de ce moment, les gens auront 12 mois pour dépenser leurs Dollars solidaires dans les commerces adhérants, lesquels pourront être remboursés en dollars canadiens. L’argent provient de différentes campagnes de sociofinancement.
« Peu importe la phase du projet, tout le monde va avoir un an pour dépenser ses Dollars solidaires », précise M. Caron.
Gérer le déclin
Pour cette raison, MLCQ n’est toujours pas dissout.
« On ne voudrait pas laisser les gens sur une mauvaise note, en disparaissant du jour au lendemain. »
Présentement, « l’organisme fonctionne un peu sur le pilote automatique ».
« On est en train de gérer le déclin et la décroissance du projet, explique Pierre-Alexandre Caron. On n’a juste plus l’énergie pour le porter », conclut-il.
Cela dit, MLCQ pourrait toujours survivre, si d’autres personnes désirent reprendre les rênes de l’organisme. Autrement, le conseil d’administration devra éventuellement proposer sa dissolution aux membres.
Chose certaine, « d’ici un an, un an et demi », les Dollars solidaires ne seront plus qu’un vestige de la pandémie.
Au total, 500 000 Dollars solidaires ont circulé à Québec depuis la mise en place de cette initiative d’achat local, à l’été 2020. Plus de 200 000 de ces billets ont été dépensés à ce jour.
Voici quelques commerces qui les acceptent encore :
- Le Grand Marché de Québec
- L’épicerie Le Haricot Magique
- La microbrasserie La Barberie
- Nina Pizza Napolitaine St-Jean-Baptiste
- La Chope Gobeline
- l’Épicerie Roset
Monnaie locale complémentaire Québec (MLCQ) invite cependant les gens à communiquer directement avec les entreprises, afin de s’assurer que c’est bel et bien le cas, question ne pas se déplacer pour rien.
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