Les nouvelles que rapportent les journaux ne sortent pas toutes fraîchement du four. On doit parfois les garder sur le feu quelque temps avant de pouvoir les publier.
Il faut descendre à son arrêt (par la porte arrière)
Les nouvelles que rapportent les journaux ne sortent pas toutes fraîchement du four. On doit parfois les garder sur le feu quelque temps avant de pouvoir les publier.
À l’automne 2022, peu avant les 10 ans de Monsaintroch et Monsaintsauveur, j’ai pris une décision. Celle de quitter Monquartier après l’été 2023. J’occupe un poste qui a passablement muté, depuis quelques années. Il concilie des tâches qui ne se marient pas toujours harmonieusement. Ça semblait judicieux de donner à l’entreprise un long préavis. Quelques personnes chères l’ont su aussi.
Dans la vie comme dans les films, les choses ne se déroulent pas toujours exactement comme prévu. C’est finalement après la fin de mai, le 2 juin, que je quitterai mon poste de directrice de la rédaction et journaliste à Monquartier. À titre de collaboratrice externe, je veillerai d’ici l’automne à la fin de la série spéciale sur Limoil’Air, soutenue par le Data-Driven Reporting Project. Comme les citoyen.ne.s qui y sont engagé.e.s, nous attendons, pour la terminer, les données.
J’ai raconté quelques fois le parcours par lequel le portail web d’un Limoulois est devenu un média hyperlocal à plusieurs canaux de quartiers. Il s’est tracé dès 2008; je suis montée dans « LA » bus en 2012. Bien des gens y ont embarqué et débarqué au fil des ans. Je remercie sincèrement tout.e.s ces compagnon.ne.s de voyage : journalistes, collaborateurs et collaboratrices, rédactrices en chef, consultant.e.s, développeurs web…
Je vous remercie aussi, vous tou.te.s qui faites et qui lisez la nouvelle, ou qui achetez la publicité grâce à laquelle on paye les personnes qui l’écrivent. J’ai été privilégiée de vous côtoyer tout ce temps, de suivre vos projets, d’entendre vos idées, vos espoirs et vos déceptions.
Thomas Verret et Simon Bélanger, qui me manqueront, poursuivront le trajet avec vous, en attendant un.e troisième mousquetaire.
L’humilité…
Le quotidien dans un petit média ressemble plus qu’on le croirait au travail dans un organisme culturel et en cinéma indépendant. Comme dans Kino, il faut essayer de faire bien avec rien, mieux avec peu. Informer dans l’hyperproximité demande prudence et humilité. Le journalisme numérique suppose qu’on se prête au jeu de la portée, de l’engagement, des algorithmes. (Ça ne veut pas dire que ça nous fait vibrer.)
Je ne pars pas pour poursuivre des ambitions journalistiques. Je n’ai ni l’âge ni la feuille de route. (On produit comme on peut quand on doit gérer des gens et des plateformes en même temps.) Je vois se dessiner des initiatives, des opportunités pour contribuer à combler certains besoins communs à bien des médias et journalistes. J’ai envie d’essayer.
On a une drôle de posture quand on fait du journalisme en même temps que de la gestion dans un média né d’un blogue, avec un passé d’initiatives citoyennes. Malgré tout, c’est de journalistes et d’autres professionnel.le.s des médias que nous est venu, à Monquartier et à moi, le plus judicieux soutien.
Quand Arnaud Bertrand a fondé Monlimoilou, c’était pour faire un contrepoids aux voix qui dénigraient Limoilou et en disaient n’importe quoi, sans y avoir vécu. Bien des gens dénigrent les médias et racontent n’importe quoi à leur sujet sans y avoir mis les pieds…
J’écrivais dans une récente infolettre qu’on tend à élever certaines figures de réussite financière et de renommée à grande échelle au rang d’expert.e.s de tout. Ces leaders privilégié.e.s ne relèveront pas les défis des petits commerces de quartier avec pignon sur rue. Ils n’atténueront pas l’essoufflement du milieu communautaire ni la montée de l’itinérance. Ils ne sauraient pas non plus veiller à la survie d’un média d’information, à mon humble avis.
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