Nickel : quatre conseils de quartier s’opposent à la révision de la norme
Les conseils de quartier de Lairet, Saint-Roch, Saint-Sauveur et Vanier réclament, dans cette lettre, le maintien des seuils actuels de la norme de nickel dans l’air ambiant. Ils soutiennent les demandes portées par les conseils de quartier de Maizerets et du Vieux-Limoilou.
Maintien des seuils actuels
Les conseils de quartier de Lairet, Saint-Roch, Saint-Sauveur et Vanier estiment que la modification proposée par le gouvernement de Québec au règlement sur l’assainissement atmosphérique visant à faire passer la limite de concentration quotidienne moyenne de nickel de 14 ng/m3 à 70 ng/m3 pose un risque majeur pour la santé des citoyen.ne.s de Québec. Ils appuient ainsi les demandes portées par les conseils de quartier de Maizerets et du Vieux-Limoilou et demandent le maintien des seuils actuels.
« Au moment même où le gouvernement du Québec implore ses citoyen.ne.s de faire de grands sacrifices individuels en raison de la pandémie afin de préserver la santé publique, il élabore un projet de règlement qui nuira directement à cet objectif! Le resserrement des normes liées aux émissions de nickel est le fruit d’un long combat citoyen pour la qualité de l’air. Ce projet est malheureusement un pénible retour en arrière, non seulement pour les citoyen.ne.s résidant à proximité du port, mais aussi pour l’ensemble des générations futures », déclare Frédérique Lavoie, présidente du conseil de quartier de Saint-Roch.
Des inégalités en santé à corriger plutôt qu’à amplifier
Les conseils de quartier rappellent qu’en 2013, alors que le seuil quotidien québécois de nickel était établi à 12 ng/m3, la Direction régionale de la santé publique évaluait qu’il était nécessaire d’agir afin de réduire au maximum les émissions de nickel dans l’air, ne serait-ce parce qu’il s’agit d’un cancérogène connu.
L’organisme estimait, par ailleurs, que le nickel rejeté dans l’air de La Cité-Limoilou s’ajoutait à d’autres contaminants dans l’air déjà saturé du secteur – une conclusion qu’a partagée en 2020 l’Agence d’évaluation d’impact environnemental du Canada dans l’analyse qu’elle a mené autour du projet Laurentia.
« La situation actuelle semble relever d’une véritable injustice environnementale! Sur le plan de la pollution atmosphérique, nous vivons dans des secteurs qui sont déjà saturés. Depuis des décennies, ce sont nos quartiers et nos résident.e.s qui portent la charge de toutes les infrastructures routières et industrielles que l’on a choisi de construire dans nos milieux de vie. Il est temps de faire les choses autrement : si on veut faire du développement économique de manière responsable de la part de l’industrie, cela ne peut plus se faire sur le dos de la santé et de la qualité de vie des citoyen.ne.s qui sont à proximité! » ajoute Myriam Nickner-Hudon, présidente du conseil de quartier de Saint-Sauveur.
« Les populations de la basse-ville de Québec sont déjà fragilisées. Pour des secteurs comme Vanier ou Limoilou, les inégalités sociales en santé ont été largement documentées. C’est 5 des 18 indicateurs qui montrent très clairement que ces populations ont une espérance de vie moins longue et ce, dès la naissance, et 5 autres indicateurs qui, eux, mettent de l’avant de façon claire une prévalence marquée pour des maladies pulmonaires. La santé, sans exclusion, devrait pourtant être la priorité numéro un pour la Ville de Québec », indique Nicole Laveau, présidente du conseil de quartier de Vanier.
« Nous sommes préoccupés quant à l’applicabilité de cette nouvelle norme dans Limoilou. Celle-ci ne pourra qu’ajouter une pression indue sur la qualité de l’air de secteurs comme les nôtres et venir ainsi bonifier un cocktail de polluants déjà trop abondants, alors que le taux de saturation est déjà atteint. Les politiques publiques doivent travailler au bénéfice de la santé de la population et non mettre celle-ci à risque », estime Jean-François Vallée, président du conseil de quartier de Lairet.
Il apparaît ainsi nécessaire d’agir sans tarder afin de réduire au maximum les émissions de nickel dans l’air, puisqu’il s’agit : (1) d’un produit cancérigène reconnu; (2) que le «bruit de fond» dans certains milieux urbains comme La Cité-Limoilou dépasse déjà la valeur toxicologique de référence de 2 ng/m3; (3) que le nickel s’additionne à de nombreux autres contaminants, dont plusieurs cancérogènes, dans l’air de la basse-ville et de Limoilou; et (4) qu’il existe des approches et mesures efficaces afin d’en permettre le contrôle.
Une mobilisation qui se poursuit!
Les conseils de quartiers de Lairet, Saint-Roch, Saint-Sauveur et Vanier appuient ainsi les revendications portées jusqu’à présent par leurs équivalents de Maizerets et du Vieux-Limoilou et, de ce fait, invitent les citoyen.ne.s de Québec à manifester leur opposition au projet de règlement, en transmettant un avis au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques avant le 20 février 2022, en se référant à la documentation et aux actions déjà mises de l’avant par la Table citoyenne Littoral Est (www.littoralcitoyen.org).
Après tout : il ne faut pas laisser tomber les citoyen.ne.s des quartiers centraux de Québec.
Lire aussi : Nickel : une lettre au maire de Québec
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