L’usine : apocalypse expérimentale

Jusqu’au 29 octobre, le Collectif des sœurs Amar présente L’Usine au Théâtre Périscope. Dans une mise en scène de Frédérique Bradet et mettant en vedette Laura Amar, Léa Ratycz Légaré, Jean-François Duke et Gabriel Cloutier-Tremblay, cette courte pièce de 75 minutes explore un foisonnement de thématiques dans une scénographie épurée et dynamique mais parfois déroutante.

<em>L’usine</em> : apocalypse expérimentale | 14 octobre 2022 | Article par Anny Bussières

Crédit photo: Charline Clavier

Jusqu’au 29 octobre, le Collectif des sœurs Amar présente L’Usine au Théâtre Périscope. Dans une mise en scène de Frédérique Bradet et mettant en vedette Laura Amar, Léa Ratycz Légaré, Jean-François Duke et Gabriel Cloutier-Tremblay, cette courte pièce de 75 minutes explore un foisonnement de thématiques dans une scénographie épurée et dynamique mais parfois déroutante.

Deux jeunes tentent de survivre à une catastrophe environnementale dans une ville dévastée et dépeuplée. L’usine responsable de cette contamination trône encore au-dessus de la ville, de leurs vies et de leurs questionnements. Et comme si leur sécurité physique n’était pas déjà un défi suffisamment exigeant, ces deux jeunes doivent gérer pêle-mêle leur éco-anxiété, leur amour naissant mais tourmenté, leur dysmorphie corporelle, leur santé mentale fragile et leur quête de repères identitaires. La démarche s’avérera tortueuse, faite de replis stratégiques et d’avancées téméraires, dans une course contre la montre qu’ils savent ne pouvoir gagner.

Dès le départ, la pièce du Collectif envoûte par la physicalité et la charnalité de la mise en scène. Les interprètes sont toujours en mouvement, grimpant aux échafaudages, se roulant par terre, dansant et s’étreignant, dans un ballet émouvant. La beauté du geste et des corps ajoute une dimension humaine puissante à la pièce. Les deux personnages principaux sont accompagnés par des doubles qui les suivent comme leur ombre, évoquant tout à la fois la douceur, les sentiments et la plénitude qui manquent à l’univers désemparé des protagonistes. C’est ce ballet humain, cette chorégraphie de l’intime qui crie toute la rage, tout l’espoir et tout le désarroi des personnages, mieux que ne peut ou ne veut le réussir le texte très dense.

Car même si L’usine repose sur des fondations idéologiques et thématiques contemporaines et fortes, la multiplication de thématiques nuit à la cohérence de la pièce; de nombreuses pistes de réflexion sont lancées, sans être développées pleinement. Le texte s’avère académique en de multiples endroits. Certaines répliques arrivent à brûle-pourpoint, sans ancrage dans les scènes précédentes, et cassent le rythme de l’exercice.

L’interprétation, le soir de la première, semblait nerveuse et quelque peu froide. Ce qui est dommage, car les sujets abordés sont importants et mériteraient chacun un exercice de création distinct. Et d’autant plus dommage que la fougue et la dévotion des interprètes crèvent la scène et laissent entrevoir un avenir prometteur pour cette équipe talentueuse.

L’usine, une pièce à découvrir pour sortir des sentiers battus, pour être déstabilisés et pour réfléchir sur nos automatismes théâtraux.

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