Comme suite à la rétrospective de nos tempêtes d'hiver marquantes, voici un retour dans le temps sur José Mathieu, un personnage fascinant qui en a été le témoin direct dans les années 1970 à CHRC.
José Mathieu (1939-2016) : l’inoubliable « Monsieur Panique » de nos urgences tempêtes
Comme suite à la rétrospective de nos tempêtes d’hiver marquantes, voici un retour dans le temps sur José Mathieu, un personnage fascinant qui en a été le témoin direct dans les années 1970 à CHRC.
Pour beaucoup de gens d’une génération à laquelle j’appartiens, cette décennie rime avec les ski-doo qui sillonnaient les rues lors des fréquentes tempêtes de neige particulièrement puissantes.
Bien avant les sites spécialisés en ligne et l’arrivée de Météomédia en 1988, c’est à cette époque que j’ai développé, très jeune, mon intérêt pour la météo et ses manifestations violentes. Mes principales sources d’informations? D’abord, le prof Jacques Lebrun et Raymond Lemay de l’émission culte La couleur du temps! Je pense aussi à Claude Mercier à Télé-4, et surtout, du côté de la radio de Radio-Canada, aux météorologues Alcide Ouellet à Montréal (un ami d’enfance de mon père) et Jacques Bureau à Québec.
Pour couvrir les tempêtes annoncées, José Mathieu est devenu le commentateur vedette de CHRC qu’il avait joint en 1961. Le journaliste aux surnoms évocateurs de « Panique » Mathieu ou « Monsieur Tempête » acquiert une solide crédibilité auprès du grand public. Une caricature de feu Raoul Hunter – qui passerait difficilement aujourd’hui –, immortalise le personnage lors d’un début d’hiver très sec en neige. Cela, peu avant son départ de la station du coin Myrand et chemin Sainte-Foy.
Fidèle au poste lors de la tempête de pluie verglaçante de 1973
José Mathieu aurait, dit-on, véritablement acquis sa notoriété de « maître des opérations tempêtes » en couvrant celle du 4 mars 1971. Mais à de multiples occasions, d’autres événements météo d’hiver lui ont permis d’exercer ses talents de communicateur au bénéfice de la collectivité. Ce fut le cas dans la foulée du grand verglas d’avant les Fêtes de 1973, inégalé à ce jour et vraisemblablement le pire depuis celui de mars 1947 : la station météorologique de l’aéroport de Québec avait enregistré, le 21 décembre, 45 mm de pluie verglaçante.
Le Soleil du 24 décembre 1973 avait consacré plusieurs colonnes sur les conséquences des intempéries. La principale fut l’une des pannes majeures ayant privé d’électricité, dans plusieurs cas pendant des jours, quelque 40 000 familles de Sainte-Foy. Même l’eau avait manqué en raison du dysfonctionnement de l’usine locale de filtration.
Le journaliste Mario Roy avait signé, en page 4, un texte pour souligner le dévouement de « Panique » Mathieu dans cette situation d’urgence :
« Sur les ondes José Mathieu a pris la situation en main – Il est une voix, à Québec, qui pendant ces deux derniers jours, s’est fait entendre presque sons interruption pour aider et renseigner les familles privées de chaleur et de lumière. C’est celle de José Mathieu, de CHRC.
Dimanche, 13h. En courant derrière lui dans les corridors, les studios, la salle des nouvelles, entre un micro et un téléphone, nous réussissons à échanger quelques phrases.
“Ça fait maintenant 34 heures que je suis là”. En effet, quelques heures après qu’on eut pris connaissance des premières interruptions de courant, José Mathieu “prenait la situation en main”. Et ça se prolongea tant et si bien qu’après la nuit de vendredi à samedi, passée à rendre service de diverses façons aux hydro-québécois en panne et à commenter la situation sur les ondes, José continuait pendant toute la journée de samedi à faire le lien entre les services d’urgence de l’Hydro-Québec et la population concernée.
Dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir mis sur pied un système de centres d’hébergement pour ceux qui en auraient ras-le-bol de grelotter, José Mathieu crée de toutes pièces une émission, un genre de ligne ouverte, “Vous n’êtes pas seul”, qui durera toute la nuit.
“Moi, je reste ici tant que le dernier commutateur dans la dernière maison privée d’électricité n’aura pas fait la lumière”.
C’est là qu’on en était, à CHRC, à 13h., dimanche. »
« Trop d’émotion, certains diront, mais je le vivais pour le public »
Nathalie Clark avait aussi interviewé José Mathieu dans le cadre de l’émission La vie à Québec diffusée le 27 mai 1998 à Télé-4 (vidéo YouTube). À 3:00 du reportage, l’as de la radio revient sur cette branche de son emploi à CHRC qui l’a rendu célèbre :
« Au fur et à mesure de l’évolution de ma carrière [à la radio], on m’a confié certains mandats. Et l’un de ces mandats touchait la crédibilité totale de la station : celle des situations d’urgence. Or, à Québec, à part les tempêtes, il n’y en avait pas beaucoup. Alors, avec le temps, ça c’est développé, et c’est moi qui a pris le contrôle de ça pour fournir l’information au moment où il y avait une tempête qui débalançait le fonctionnement normal de la vie. Et je suis resté avec ça, et quand une tempête de type “1971” est arrivée, j’ai joué dedans pendant 85 heures. […]
Je donnais peut-être un peu trop d’émotion, certains diront, mais je le vivais tellement pour le public. Parce que je me disais une chose : le public compte pour moi, et je dois me donner à 150 % pour lui, et lui seul. Donc, à ce moment-là, voyant que quelqu’un s’occupait de lui en disant “Y’embarque, le bonhomme, y y va au boutte!” […], un journaliste du Soleil a décidé qu’il m’appellerait “Panique” Mathieu. Et je l’ai accepté, pas de problème! »
On retrouve sur YouTube un document sonore qui présente en première partie une intervention de ce grand communicateur lors d’une tempête non identifiée. Elle est suivie entre autres de l’une de ses couvertures du programme spatial Apollo et de la conquête de la lune, son autre grande passion.
Quels souvenirs avez-vous conservé des interventions d’urgence de José Mathieu à CHRC? N’hésitez pas à nous en parler, sur nos pages Facebook ou en nous écrivant à nouvelles@monquartier.quebec!
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