Il y a de l’amour dans l’air
Michaël Potvin est président du Parti Québécois de Jean-Lesage, circonscription où il réside, et père de deux jeunes enfants. Il signe le texte qui suit.
Je me suis présenté samedi dernier à la manifestation organisée par la Table citoyenne Littoral Est et ses groupes alliés dans le dossier de la hausse de la norme du nickel dans l’air.
Si je n’avais pas d’attentes précises en me rendant sur le pont Dorchester, j’ai été agréablement surpris par les efforts déployés par les organisateurs et leur fine connaissance du dossier, qui démontrent un amour et un attachement profond pour leurs quartiers et la qualité de vie de leurs concitoyens. Les résidents des quartiers centraux du Québec leur doivent une fière chandelle. En fait, j’irais même jusqu’à dire le Québec en entier, puisque leur combat pour la qualité de l’air créera un précédent pour les années et décennies à venir.
Il y a quelque chose de profondément préoccupant, voir choquant, lorsqu’un gouvernement, animé d’abord par des préoccupations économiques, met en danger, impact aussi minime soit-il, la qualité de vie d’une partie de sa population. Après tout, la hausse proposée a de quoi faire frémir : quintupler la norme d’émission de particules de nickel dans l’air, et ce, dans un secteur déjà surtaxé par les contaminants.
Le ministre de l’Environnement a beau plaider qu’il n’y a pas de risque pour la santé de la population, les citoyens ont toutes les raisons d’être sceptiques. D’autant plus qu’un avis de la Santé publique de la Capitale-Nationale, en date du 19 février 2021, notait que la justification de la nouvelle norme n’est pas d’ordre toxicologique, mais plutôt économique.
Récemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) nous rappelait qu’avec les changements climatiques, la pollution de l’air est l’une des principales menaces environnementales pour la santé. Pour l’OMS, « la santé cardiovasculaire et respiratoire de la population, à court et à long termes, est inversement proportionnelle au niveau de la pollution atmosphérique[1] ». On constate que dans le dossier qui nous intéresse, le gouvernement nage à contre-courant.
Il semblerait logique de croire que les citoyens, qui résident en plein cœur d’une capitale nationale d’un État développé, n’aient pas à se battre seuls face à une hausse draconienne proposée par leur propre gouvernement!
C’est dans cette optique que le porte-parole du Parti Québécois en matière d’environnement, Sylvain Gaudreault, a déposé une motion demandant de respecter le principe de précaution avant de prendre cette décision.
Ce principe est reconnu par l’institution qui chapeaute l’OMS, c’est-à-dire, l’Organisation des Nations unies (ONU). Pour citer le député de Jonquière, « cela signifie qu’au fond, quand on n’est pas sûr, on ne prend pas de chance. Et cela est encore plus vrai quand il est question de santé publique! »
Plusieurs contaminants nuisent à qualité de l’air du secteur. Le gouvernement a l’opportunité de donner le ton dans cette lutte citoyenne en fermant la porte définitivement à cette hausse.
Devant cette aberration, décriée de toutes parts, j’aimerais entendre les députés caquistes de la région de Québec. Comme dirait Martine St-Clair dans sa mélodie éponyme titrant ce texte, broient-ils du noir quand ils voient leur gouvernement sacrifier la santé de leurs concitoyens?
Michaël Potvin
[1] Organisation mondiale de la santé, Pollution de l’air ambiant (extérieur), 22 septembre 2021.
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