Drave Développement : pour la souveraineté numérique

Installé depuis peu dans Saint-Roch, Drave Développement œuvre pour la souveraineté numérique québécoise à travers les données ouvertes et le logiciel libre. Monsaintroch a rencontré l’un des cofondateurs de l'organisme, Ricky Ng Adam, aussi résident du quartier.

Drave Développement : pour la souveraineté numérique | 8 février 2022 | Article par Suzie Genest

Cofondateur de Drave Développement, Ricky Ng Adam est aussi résident du quartier Saint-Roch.

Crédit photo: Suzie Genest

Installé depuis peu dans Saint-Roch, Drave Développement œuvre pour la souveraineté numérique québécoise à travers les données ouvertes et le logiciel libre. Monsaintroch a rencontré l’un des cofondateurs de l’organisme, Ricky Ng Adam, aussi résident du quartier.

Natif de Rouyn-Noranda, Ricky Ng Adam a choisi l’École de technologie supérieure de Montréal pour ses études universitaires. La raison? Il voulait « faire un club étudiant de sous-marins robots »! Il est passé par quelques startups avant de travailler au siège social de Google, à Mountain View. Puis, celui dont le père est originaire de Hong Kong a obtenu un transfert à Shanghai.

En Chine, Ricky Ng Adam s’est impliqué dans la communauté des développeurs, des hackerspaces, etc. De retour à Québec depuis 2019, il dirige l’entreprise d’infonuagique décentralisée Coderbunker. Il poursuit aussi son engagement dans des projets de communauté. Entre autres, il gravite autour de La Patente, à Limoilou. C’est là qu’il a fait la connaissance de Jéremy Viau-Trudel, autre cofondateur de Drave Développement. M. Viau-Trudel est consultant en innovation et affaires numériques. L’organisme à but non lucratif (OBNL) a été fondé officiellement en mars 2021.

Indépendance et mutualisation

Drave Développement souhaite voir émerger au Québec un « écosystème du libre prospère et pérenne », résume M. Ng Adam. Pour cela, il faut acquérir « une indépendance par rapport aux oligopoles chinois de technologies », ajoute-t-il.

La Chine utilise le logiciel libre pour l’infonuagique, explique M. Ng Adam. « Linux, le système d’exploitation des logiciels libres, c’est celui qui est le plus déployé au monde. On l’a dans les robots, les objets connectés, les serveurs, nos téléphones Android. […] Si on n’avait pas Linux, on serait obligés de reconstruire les systèmes d’exploitation ou d’acheter à fort prix de fournisseurs d’informatique américains surtout. »

« Pour atteindre la souveraineté numérique, ça prend une boîte à outils commune et une mutualisation. Et la création d’opportunités pour des petites et des moyennes entreprises québécoises de participer à cet écosystème-là et ne pas être juste des revendeurs de produits comme Oracle ou Microsoft. »

Les organisations gagneraient à miser davantage sur l’expertise locale et la mutualisation, estime M. Ng Adam. Développer et partager des outils communs aide à faire face à la rareté des ressources, selon lui. Il cite notamment les administrations municipales.

« Un des exemples que j’ai en tête, c’est les municipalités. Pourquoi développer notre propre système pour gérer les stationnements, pour gérer les appels au 311, etc.? Ce sont les mêmes besoins pour chacune des villes. Les plus petites villes sont désavantagées, car elles ne peuvent pas s’offrir ces moyens informatiques-là. »

« Mutualiser et avoir notre propre identité numérique » profiterait aussi aux simples citoyen.ne.s et aux initiatives communautaires, poursuit M. Ng Adam.

« Les gens ressentent le besoin de souveraineté numérique. Ils savent, par exemple, que leur groupe citoyen sur Facebook dépend d’une compagnie américaine, sous des lois américaines. Ils ont des réticences. Ils savent qu’il y a une collecte de données pour du marketing ciblé. […] Mais il ne se font pas offrir de solutions. Comme les grandes organisations qui ne se font pas offrir des alternatives à Microsoft. »

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Une masse critique

Des outils et des plateformes offrent des solutions libres, mais ils n’ont pas encore une masse critique d’adhérents. C’est le défi auquel se butent tant les petits groupes citoyens que les grandes organisations. « Il faut qu’on arrive à cette masse critique », insiste Ricky Ng Adam. Il faut, dit-il, « une masse critique d’utilisateurs et de financement pour soutenir ces développements-là ».

« Présentement, il y a beaucoup de logiciels libres, et il y a beaucoup de besoins dans les grandes entreprises et gouvernements. Mais il y a un manque dans l’écosystème pour desservir ces besoins-là. Il manque des interlocuteurs. Le gouvernement ne deale pas avec des communautés. Il a des systèmes d’appels d’offres, qui ont été construits au fil des années. Ce sont des freins à ce genre de collaboration… On a vraiment besoin de consortiums, de partenariats », souligne M. Ng Adam.

Drave Développement entend contribuer à faire émerger ces partenariats. Les grandes organisations et administrations publiques sont les premières qu’il cible, pour avoir « le meilleur retour sur investissement », illustre le cofondateur.

Ne sera-t-il pas difficile d’amener le changement espéré dans les grandes organisations et gouvernements? Ricky Ng Adam compare ce changement à celui qui s’est opéré pour la mise en place d’une institution financière coopérative, Desjardins.

« Il s’est créé une institution financière coopérative. Là, il faut créer une institution numérique, et ça va se faire à travers la coopération. »

Draveurs engagés

Pour avancer vers son objectif, Drave Développement s’affaire à réunir une communauté de membres engagés envers le logiciel libre et les données ouvertes. Une quarantaine de membres organisationnels et autant de membres individuels font déjà partie de cette communauté. Ce sont des signataires du serment du Draveur-se, ou d’ententes-cadres, pour les organisations partenaires.

Drave Développement, comme tout jeune OBNL, poursuit également des activités pour se structurer, réunir des fonds et étendre sa portée. Il a organisé le premier événement public officiel de La Console dans Saint-Roch, en décembre. D’autres se dévoileront sous peu. Les thèmes interpelleront le grand public autant que la communauté numérique.

Les personnes et les organisations intéressées à faire mieux connaissance avec la communauté de draveurs peuvent visiter le site de Drave Développement. On peut aussi suivre sa page Facebook pour demeurer à l’affut de ses activités.

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