Une série documentaire pour comprendre l’héritage architectural de Québec

Pierre Fraser et Pierre Duchesne, de Photo|Société, sont enseignant et chercheur retraités. Ils souhaitent combiner le savoir des experts et le vécu des citoyens pour mieux comprendre, dans une série documentaire, comment nous vivons et percevons les quartiers centraux de Québec.

Une série documentaire pour comprendre l’héritage architectural de Québec | 26 avril 2022 | Article par Viktoria Miojevic

Crédit photo: Jean Cazes

Pierre Fraser et Pierre Duchesne, de Photo|Société, sont enseignant et chercheur retraités. Ils souhaitent combiner le savoir des experts et le vécu des citoyens pour mieux comprendre, dans une série documentaire, comment nous vivons et percevons les quartiers centraux de Québec.

Depuis deux ans, Pierre Fraser, sociologue et professeur à la retraite, poursuit ses recherches sur le terrain, qu’il préfère aux grandes théories sociologiques. « Je préfère être sur le terrain et rendre compte de façon systématique le fonctionnement de la société », explique-t-il. Dès le mois de mai, la petite équipe de Photo|Société, des citoyens et des scientifiques arpenteront la ville. Une campagne de sociofinancement est déjà en cours.

« La réalité telle que vécue par les gens »

Au lieu d’utiliser les mots et les articles scientifiques, les statistiques, le sociologue souhaite rendre compte de la réalité « telle qu’elle est vécue par les gens », grâce à cette discipline naissante qu’est la sociologie visuelle. Elle permet de capturer des images, à l’aide de caméras, et documenter la réalité, puis de la partager, la restituer.

C’est Pierre Duchesne qui a lancé l’idée de la série documentaire. Elle permettra de produire des petits épisodes de cinq à dix minutes qui abordent un sujet précis, le décortiquent. Pierre Fraser et Pierre Duchesne s’attendent à avoir une trentaine d’épisodes d’une durée entre 3 et 10 minutes. Le projet est en très grande partie financé par les deux réalisateurs, mais la campagne de sociofinancement permettra de compléter les besoins. Elle a un objectif de 7500 $.

« Pierre ne cessait de me parler d’une courtepointe de styles architecturaux. Il suffit de se balader dans Montcalm, dans Saint-Sauveur, Saint-Roch et Saint-Jean Baptiste et on voit cette courtepointe de styles architecturaux qui part du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui. Parfois des styles aujourd’hui tentent de reproduire ce qui se faisait à une certaine époque. »

L’architecture modifie également notre façon de vivre. « En tant que sociologue, je ne peux pas uniquement m’intéresser à l’aspect visuel. Je me suis rendu compte de la manière dont on occupe le territoire et la manière dont on le façonne. Et comment l’architecture façonne le territoire, notre vie. »

C’est dans cette dynamique que vont se joindre au projet trois architectes de trois générations différentes, les historiens Luc Noppen de l’UQAM et Marc Grignon de l’Université Laval, un photographe ainsi qu’un géographe.

Espérance de vie et mobilité

En tant que sociologue, Pierre Fraser constate qu’entre les quartiers Saint-Sauveur, Vanier, Limoilou et Saint-Roch, plus on se dirige vers le nord, plus l’espérance de vie augmente.

« Ça va jusque dans le quartier le Mesnil, derrière les Galeries de la Capitale. Il y a 8 à 10 ans de différence d’espérance de vie par rapport à Saint-Roch et Saint-Sauveur. C’est dû au revenu ou à des phénomènes reliés à l’aménagement du territoire? » Cet enjeu pourrait être abordé dans les capsules. La mobilité est aussi un gros enjeu de la gestion du territoire.

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« Dans Saint-Sauveur, l’architecture agit sur notre manière de se déplacer, sur la mobilité, sur votre perception de l’environnement et c’est un milieu très peu végétalisé. Les trottoirs sont un défi pour une personne à mobilité réduite dans Saint-Sauveur et c’est maintenant moins pire dans Saint-Roch! », rappelle Pierre Fraser.

Entre multitude de styles réunis au même endroit et homogénéité de certains quartiers, la ville de Québec réserve bien des découvertes. « Il y a une multitude de styles architecturaux concentrés dans un point donné, comme Montcalm et Saint-Jean Baptiste. Au début des années 60, le Québec est rentré dans la modernité. On voit des quartiers centraux en périphérie, le style change : on voit les années 60, 70, 80-90, 2000. On peut faire la même chose de la Basse-Ville vers l’Est. C’est d’aller se demander pourquoi certains quartiers sont homogènes, d’autres ont une courtepointe si développée et comment on agit : de la mobilité à la longévité ».

Des citoyens impliqués

L’idée de la série est de combiner le regard des experts à celui des citoyens. Plusieurs citoyen.ne.s des quartiers seront appelé.e.s à passer devant la caméra.

« Il y a des citoyens qui ont très hâte de passer devant la caméra et qui nous disent qu’ils ont beaucoup de choses à nous dire! Il y a une personne de Saint-Sauveur, de Saint-Roch, de Montcalm et puis une autre de Saint Jean-Baptiste. On travaille pour avoir quelqu’un dans Limoilou. »

« On a déjà commencé le terrain, et on va reprendre au moins de mai », précise Pierre Fraser. Vous croiserez peut-être la petite équipe en tournage au mois de mai, dans Saint-Sauveur et les quartiers centraux. Puis l’équipe se déplacera vers le nord, dans Beauport et à l’Ouest de Québec.

Quelques tournages sont aussi prévus sur la côte de Beaupré, « car on est dans un autre univers », et également dans Charlevoix, à Trois-Rivières et au Saguenay.

Un formulaire est disponible pour les personnes qui souhaiteraient contacter l’équipe et peut-être participer au projet.

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