Accès difficile aux soins vétérinaires

Plusieurs citoyens et citoyennes de nos quartiers ont de la difficulté à obtenir un rendez-vous en clinique vétérinaire pour leurs animaux de compagnie. Selon l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec, la difficulté d'accès aux services est présente partout dans la province et pas seulement dans les quartiers centraux de la Capitale.

Accès difficile aux soins vétérinaires | 14 janvier 2022 | Article par Julie Rheaume

Pour plusieurs résidents et résidentes du centre-ville, trouver un vétérinaire et obtenir une consultation dans un laps de temps relativement court s’avère un casse-tête.

Crédit photo: Gustavo Fring/Pexels.com

Plusieurs citoyens et citoyennes de nos quartiers ont de la difficulté à obtenir un rendez-vous en clinique vétérinaire pour leurs animaux de compagnie. Selon l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, la difficulté d’accès aux services est présente partout dans la province et pas seulement dans les quartiers centraux de la Capitale.

Pour plusieurs au centre-ville, trouver un vétérinaire et obtenir une consultation dans un laps de temps relativement court s’avère un casse-tête.

« (Il est) très difficile de trouver un vétérinaire qui, de un, était disponible avant plusieurs mois et, de deux, aurait accepté de prendre un chien âgé de 8 ans et demi que je venais d’adopter. Je me suis fait répondre à une place que les seuls nouveaux chiens qu’ils acceptaient, ce sont les chiots, pas les chiens âgés. Heureusement, il y a une nouvelle clinique à Sainte-Foy qui a pu prendre ma vieille cocotte rapidement », commente Christophe* , un résident de Saint-Roch.

« De mon côté, lors de mon arrivée dans Saint-Roch en mai dernier, ce fut difficile. J’en ai un maintenant, mais je ne peux dire que je suis ultra satisfaite… II fait la job », indique de son côté Kathleen*, qui a finalement pu obtenir des services à la même nouvelle clinique de Sainte-Foy que Christophe.

« J’ai attendu trois mois pour une première consultation (pour ma jeune chatte) vers la fin de 2020 et pour son rendez-vous de stérilisation à la clinique vétérinaire du Vieux-Limoilou », raconte Maxime*, un Limoulois.

Hélène*, une résidente de la Basse-Ville, a dû quant à elle faire croire que les deux jeunes animaux de sa progéniture récemment partie en appartement étaient les siens. Sa clinique de longue date n’acceptait pas de nouveaux clients, et l’enfant d’Hélène ne pouvait y obtenir de rendez-vous pour ses bestioles, a-t-elle affirmé.

Quatre semaines, minimum

Sur le territoire desservi par Monquartier, on trouve trois cliniques de médecine vétérinaire : la Clinique vétérinaire du Vieux-Limoilou, la Clinique vétérinaire du Faubourg (Montcalm) et la Clinique vétérinaire Saint-Sacrement. Une autre clinique, celle de Cimon, est située non loin, à Vanier.

La Clinique vétérinaire de la Capitale, dans Lairet, a quant à elle fermé définitivement ses portes. Le suivi des dossiers se fait notamment dans une autre clinique de Beauport.

Le 12 janvier, afin de vérifier les délais d’attente, nous avons contacté les trois cliniques de nos secteurs de manière incognito, afin de demander un rendez-vous pour le tout premier examen d’un chaton. Le minet étant toujours en sevrage, on disait s’y prendre d’avance en tant que nouvelle cliente.

Il faut au minimum quatre semaines pour un premier rendez-vous. Au plus tôt, nous aurions pu obtenir une place le « 12 février » (Vieux-Limoilou) ou au « début mars » (Saint-Sacrement). Au Faubourg, il fallait s’inscrire sur une « liste d’attente de quatre à cinq mois ».

Publicité

Problème panquébécois

À l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), on ne possède pas de données ou de portrait précis de la situation dans la Capitale. L’accès aux services vétérinaires est une problématique qui touche cependant toute la province.

La pénurie de services existait bien avant la pandémie, selon le président de l’OMVQ, Dr Gaston Rioux. Toutefois, la crise est venue aggraver la situation.

« On avait une pénurie de personnel avant même la pandémie donc pas surprenant que la situation en soit rendue là!? (…) Ça ne se réglera pas de sitôt, donc svp, soyez indulgents et compréhensifs, car on est humain et on essaie de tout faire pour vous aider », a de son côté écrit sur Facebook la vétérinaire Natacha Barrette de Mon vet à la maison.

Elle pratique notamment l’euthanasie à domicile de vos animaux dans la région de Québec. Les diverses instances du milieu sont à la recherche de solutions, ajoute Dre Barrette.

L’accès aux services est problématique dans toutes les sphères de la pratique vétérinaire et pas seulement pour les soins aux animaux de compagnie, selon Dr Rioux. Elle vise à la fois ceux qui œuvrent en milieu fermier et pour les animaux de consommation, les vétérinaires à l’emploi des gouvernements, la pratique équine et les services aux bêtes domestiques, entre autres.

La pandémie est venue aggraver la pénurie, selon Dr Rioux. En cliniques, les diverses mesures sanitaires font que l’on doit espacer les rendez-vous, donc voir moins de patients. Aussi, les adoptions d’animaux ont augmenté, ce qui signifie des besoins plus grands. Les rendez-vous sont plus nombreux pour les jeunes bêtes de compagnie. Celles-ci ont notamment besoin d’être vaccinées, vermifugées, stérilisées, etc. De plus, l’absence d’employés malades ou en isolement a aussi un impact sur les services rendus.

Solutions

Quelles sont les solutions pour contrer la pénurie? Pour le Dr Rioux, plusieurs moyens pourraient venir soulager le milieu surchargé.

Plus d’étudiants et d’étudiantes pourraient être admis à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, à Saint-Hyacinthe.

La solution passe également par un accès plus facile à la pratique au Québec pour les vétérinaires diplômé.e.s à l’étranger et par la délégation de certaines tâches à des technicien.ne.s en santé animale.

Elle passe aussi par la rétention des vétérinaires en poste, car certains quittent le métier ou réorientent leur carrière, de dire Dr. Rioux.

Message et conseils

Quel message voudrait lancer le Dr Gaston Rioux aux propriétaires d’animaux de compagnie en lien avec la pénurie de services ou les longues périodes d’attente avant d’avoir des soins pour son animal? « Être patient et courtois » lorsqu’on contacte une clinique, dit-il. L’Ordre a eu écho de plusieurs clients qui sont clairement impolis lorsqu’ils appellent leur vétérinaire.

L’OMVQ a également fait part de quelques conseils afin de protéger la santé de nos petites bêtes :

  • Évitez les contacts entre vos animaux et ceux des autres, surtout si votre animal n’est pas à jour dans sa vaccination et s’il présente des symptômes.
  • Évitez les endroits publics et les parcs à chiens.
  • Vérifiez l’accessibilité aux soins vétérinaires dans votre région et connaissez vos options en cas d’urgence.
  • Demeurez à l’affût de la santé de votre animal. N’attendez pas que la situation soit critique pour contacter votre médecin vétérinaire.

Sur près de 2800 membres, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec en compte deux tiers dont la pratique est vouée aux animaux de compagnie, selon Dr Gaston Rioux.

* Les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des personnes interviewées.

Soutenez votre média

hearts

Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.

hearts
Soutenir