En amont de la campagne électorale de 2021, le Collectif la Ville que nous Voulons s'est formé pour amener dans les débats publics des enjeux de démocratie municipale, de justice sociale et d’écologie. Dans une lettre ouverte, il réagit à un bilan de la Vision de l'arbre de la Ville de Québec.
Protection des arbres et des milieux naturels à Québec : malgré un triste bilan, relevons-nous les manches!
En amont de la campagne électorale de 2021, le Collectif la Ville que nous Voulons s’est formé pour amener dans les débats publics des enjeux de démocratie municipale, de justice sociale et d’écologie. Dans une lettre ouverte, il réagit à un bilan de la Vision de l’arbre de la Ville de Québec.
Tandis qu’augmente le nombre de catastrophes environnementales, nous devons sérieusement remettre en cause les pratiques actuelles de la Ville de Québec afin que des changements profonds s’opèrent sur notre territoire.
Récemment, la Ville de Québec dévoilait le bilan de mi-parcours de sa Vision de l’arbre. Le couvert arboré de Québec, calculé à partir de photos satellite, atteignait 32 % en 2015. En 2020, l’indice de canopée reculait à 31 %, alors que les experts en santé publique considèrent qu’il devrait s’établir à 40 % et que l’objectif de la ville est de 35 %. Dans Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge, la régression est de 4 %.
Et il y a lieu de s’interroger : quel serait le réel bilan de perte de couvert arboré si la Ville avait utilisé le même territoire pour comparer 2015 et 2020? Car le périmètre d’urbanisation – la zone choisie pour développer la ville – a changé en 2019. Ainsi, Charlesbourg a vu son périmètre d’urbanisation agrandi de plus de 46 hectares et Beauport, d’au moins une dizaine d’hectares, le tout entièrement boisé. Il serait également intéressant de savoir quelle part des projets réalisés depuis 2015 ont tenu compte des objectifs et des stratégies énoncés dans la Vision de l’arbre.
De surcroit, la Ville ne dispose pas d’un portait complet du nombre d’arbres abattus, malgré les chiffres qu’elle rend publics afin de démontrer qu’elle en plante bien davantage. La Ville ne nous fait pas part, non plus, du nombre d’arbres plantés qui ne survivent pas à court terme. Elle ne se vante pas qu’elle plante des arbres à des endroits trop exigus pour qu’ils puissent survivre aux futurs travaux, de réfection de routes, par exemple. Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que la Ville estime difficile, dans son bilan, de circonscrire les causes de la perte du couvert arboré
Surtout, la Ville omet de s’interroger sur la manière dont elle développe notre territoire, alors que la destruction de ce couvert se vérifie quotidiennement. À titre d’exemple, le quadrant nord-est du secteur Chaudière (IKEA) a été complètement désertifié, la Ville justifiant cette opération par la décontamination d’un dépotoir. Plusieurs documents indiquent toutefois que ce dépotoir n’occupait pas tout ce quadrant. Sinon, comment expliquer que le ministère de l’Environnement ait dû délivrer un certificat d’autorisation pour la destruction de six hectares de milieux humides?
Même pour le tramway, qui devrait apporter des bénéfices environnementaux en amenant un plus grand nombre de personnes à utiliser le transport en commun, la Ville choisit paradoxalement de sacrifier 1701 arbres – dont certains sont irremplaçables le long de René-Lévesque – et ce, pour favoriser l’auto. Des arbres faisant partie de boisés du campus de l’Université Laval et du boisé De Rochebelle, ainsi que des milieux naturels du secteur Chaudière, sont également menacés. Des solutions, réalisables et déjà présentées par plusieurs groupes, pourraient pourtant être intégrées à l’appel d’offres qui sera lancé sous peu pour le tramway.
Et la Ville prévoit encore le développement dans des secteurs forestiers, même au détriment de milieux humides et de ruisseaux, comme au nord du boulevard Loiret ou dans le quartier des Chatels. La réglementation ne protège pas le boisé Neilson d’un éventuel développement; dans Maizerets, on vend les berges du Saint-Laurent – des terrains publics – à des entreprises privées pour y implanter un parc techno-industriel, la « Zone d’innovation Littoral Est », malgré une volonté citoyenne de renaturaliser le secteur. Et de vastes terrains, comme dans Lebourgneuf, ou des plus petits, sont maintenant occupés par tant de constructions que les humains eux-mêmes n’ont plus d’espace végétalisé disponible pour se reposer chez eux.
Ainsi, nous devrions assister, près de chez nous, à la disparition des êtres vivants et des écosystèmes qui soutiennent la vie, contribuant ainsi à amplifier les bouleversements écosystémiques actuels, cela sans réagir? Surtout pas! Plusieurs groupes citoyens se forment pour protéger notre patrimoine naturel commun ou régénérer la nature là où elle a été ravagée.
Nous invitons la population à se joindre à l’un de ces groupes, à leurs actions et à leurs travaux, afin de forcer la Ville de Québec à mettre en œuvre des mesures en cohérence avec l’urgence climatique et environnementale actuelle.
Vous trouverez les coordonnées de ces groupes dans une publication de notre page Facebook :
Le Collectif la Ville que nous Voulons
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