Simon-Olivier Gagnon, doctorant en histoire à l'Université Laval, a obtenu une bourse du Programme de soutien à la recherche de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Grâce à son projet Archives et radios communautaires – Concevoir une archivistique communautaire, le résident de Saint-Roch entend se pencher sur trois radios communautaires de la région, dont CKRL et CKIA.
Prestigieuse bourse pour un étudiant de Saint-Roch
Simon-Olivier Gagnon, doctorant en histoire à l’Université Laval, a obtenu une bourse du Programme de soutien à la recherche de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Grâce à son projet Archives et radios communautaires – Concevoir une archivistique communautaire, le résident de Saint-Roch entend se pencher sur trois radios communautaires de la région, dont CKRL et CKIA.
En tout, cinq lauréats au niveau de la maîtrise et du doctorat ont obtenu un appui de BAnQ pour l’année 2020-2021, dont Simon-Olivier Gagnon pour son sujet de recherche lié à la bibliothéconomie ou à l’archivistique.
Le jeune homme reçoit un appui financier de 12 500 $ pour mener à terme son projet de thèse qui portera sur les radios communautaires de la région CKIA 88,3 FM (secteur Vieux-Port), CKRL 89,1 FM (Limoilou) et CIHW 100.3 FM (Wendake).
Un manque
« En examinant les publications de la communauté archivistique québécoise, on ne trouve pas d’étude concernant les archives des organismes communautaires. En revanche, ces archives font l’objet de réflexions dans le monde anglophone sous le vocable community archives et en France sous celui d’archives associatives. Les quelques publications francophones et la profusion de publications anglophones à ce sujet montrent que la discipline ne se préoccupe pas seulement de la pratique archivistique dans un cadre institutionnel étatique. Un des objectifs de notre travail consistera à concevoir ce que pourrait être une archivistique communautaire au Québec, en reconnaissant qu’elle se définit à mi-chemin entre l’acception anglophone et l’acception française de ces champs d’études », a écrit Simon-Olivier Gagnon dans la présentation du projet qui figure sur le site de BAnQ.
Le doctorant souhaite donc combler une lacune en matière d’archivistique et groupes communautaires, au Québec?
« À Montréal, il y un collectif qui s’appelle les Archives de la Pointe-Saint-Charles. Rien n’a été écrit là-dessus à part par eux-mêmes : ils ont produit un livre. Il n’y a rien qui nous qui donne un état des lieux des archives dans le milieu communautaire. La discipline archivistique ne s’est pas concentrée sur cette réalité. Ça n’a pas attiré son attention », explique-t-il en entrevue à Monquartier, le 19 janvier.
Rapport aux archives
Dans son projet intitulé Archives et radios communautaires – Concevoir une archivistique communautaire, Simon-Olivier Gagnon va se pencher sur les archives de trois radios de la région: CKIA, CKRL et CIHW.
Pourquoi avoir choisi ces médias plutôt que des journaux ou magazines communautaires publiés sur papier? « Je pense que les documents audio sont intéressants car ils sont sur différents supports (bandes magnétiques, cassettes, mini-disques, CD, format numérique, entre autres), c’est bien certain. Le fait de les avoir sur différents supports peut nous permettre d’avoir une réflexion plus élaborée sur ces documents », répond-il par visioconférence.
« Les archivistes n’ont pas le monopole sur les archives. Les gens du milieu communautaire et associatif produisent des documents, les conservent et les utilisent. Mon but est d’observer comment ils les conservent et les valorisent par la suite. Je veux prendre en compte la manière dont ils manipulent leurs documents, leur rapport à ces archives », ajoute-t-il. Il souhaite ainsi mettre en lumière cette « culture archivistique spontanée et informelle ».
Il s’intéressera aussi au traitement et « à la valeur » des documents aux yeux des organismes : pourquoi certains semblent avoir une valeur plus élevée que d’autres, par exemple. Il tiendra également à voir si la culture liée aux archives diffère d’une radio à l’autre parmi les trois à l’étude : comment on conserve les documents et on les réactive.
Qui pense radio, pense archives sonores. Simon-Olivier Gagnon se penchera toutefois non seulement sur du matériel audio, mais aussi sur des documents sur support papier ou des photos. Il s’intéressera aux archives qui sont conservées par les institutions, mais aussi à celles qui sont en possession d’anciens militants ou permanents. En gros, il tiendra à observer le rapport des gens et des organismes à leurs documents.
« Le but de mon projet, c’est de voir comment les bénévoles, les non-professionnels prennent en charge ces documents. Il n’y a pas de services d’archives au sein des milieux associatifs et communautaires (…). Il y a une gestion autonome de ces documents », ajoute-t-il. Il souhaitera voir comment les documents sont gérés à l’interne.
Pour le moment, le travail du jeune homme en est à ses premiers balbutiements. Sa démarche s’étendra sur les prochaines années. La prochaine étape? Présenter son projet au comité d’éthique de l’Université Laval. Il pourra par la suite entamer des contacts formels avec les organismes visés par son projet et débuter sa recherche sur le terrain.
Défaire les clichés?
Plusieurs clichés à l’égard des radios communautaires perdurent. Certains leurs accolent à tort une étiquette très baba-cool années 70. Pour d’autres, c’est un lieu où de jeunes animateurs vont faire leurs classes avant de se faire embaucher à la radio commerciale.
Simon-Olivier Gagnon compte-t-il, par son projet, tenter de briser des idées préconçues à l’égard de ces radios et montrer leurs présentes réalités?
« Je pense que mon travail va contribuer à rendre compte de c’est quoi une radio communautaire en milieu urbain. Le mandat (de telles antennes), c’est d’offrir des radios aux communautés locales et ces communautés sont très éclectiques. Il y a des passionnés de musique, des passionnés pour les luttes citoyennes, la justice sociale, la défense des droits sociaux. C’est vraiment cette réalité je pense qu’on peut contribuer à rendre compte en étudiant les archives et la manière dont les gens se rapportent à ces archives », répond-il.
L’avenir
Au terme de son doctorat, Simon-Olivier Gagnon serait intéressé par une carrière en enseignement, sauf « que le milieu est très compétitif ».
Il s’intéresse également aux communautés francophones à l’extérieur de nos frontières. « J’aimerais continuer de voir comment les documents d’organismes communautaires sont gérés dans le reste de la francophonie canadienne. On se rend compte, lorsqu’on se rend dans des communautés francophones hors-Québec, à quel point les organismes communautaires sont des lieux de rencontres super importants pour le processus identitaire de ces gens-là », ajoute l’étudiant au doctorat.
Les radios communautaires de la Francophonie l’intéressent également. Il aimerait voir ce qui se « mijote » ailleurs comme en France ou dans certains pays d’Afrique.
Pour en savoir plus ...
405, 3e Avenue, Québec (Québec), G1L 2W2
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