Sept muses habitent les colonnes de PECH-Sherpa

« 10,9,8,7,6... », les participant.e.s à l’inauguration des colonnes de PECH-Sherpa ont fait retentir un compte à rebours avant le tant attendu dévoilement des colonnes, au 130 Charest Est. Sept artistes et des dizaines de participants ont, pendant près d’un an, créé ces sept colonnes autour du thème de la muse. Monsaintroch est allé à la rencontre des artistes et participant.e.s.

Sept muses habitent les colonnes de PECH-Sherpa | 27 septembre 2021 | Article par Viktoria Miojevic

Inauguration des colonnes de Pech-Sherpa

Crédit photo: Viktoria Miojevic

« 10,9,8,7,6… », les participant.e.s à l’inauguration des colonnes de PECH-Sherpa ont fait retentir un compte à rebours avant le tant attendu dévoilement des colonnes, au 130 Charest Est. Sept artistes et des dizaines de participants ont, pendant près d’un an, créé ces sept colonnes autour du thème de la muse. Monsaintroch est allé à la rencontre des artistes et participant.e.s.

Plus d’un an de travail

Qu’est-ce qui nous inspire? Qu’est-ce qui nous lie aux autres? Ce sont les questions auxquelles les œuvres, qui habillent désormais les colonnes de PECH-Sherpa, tentent de répondre. Musique, arts visuels, onirisme, architecture, accompagnement, littérature et cinéma sont les arts attribués à chacune de ces colonnes de 10 pieds.

Au départ, l’envie de réunir artistes et participant.e.s pour refléter la dynamique de l’organisme communautaire. L’artiste Daniel Lasalle rappelle que les participant.e.s aux ateliers ont « croisé dans leur vie des problèmes de santé mentale ». En plus des colonnes, une exposition à l’intérieur des locaux retrace le processus créatif et les productions des participant.e.s.

Daniel Lasalle au micro à l'inauguration des colonnes de Pech-Sherpa
Prise de parole de Daniel Lasalle pendant l’inauguration. Il est l’artiste à l’origine de la muse du Cinéma et de la Photographie mais aussi le coordonnateur du projet.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

Il y a un an, les artistes ont déposé des projets pour créer avec les participants les colonnes qui siègeraient pendant sept ans devant PECH-Sherpa. Sélectionné par un jury, chaque artiste, avec sa technique et sa méthode, a animé ces ateliers. Le mandat était de rapporter les créations des participants dans les colonnes finales.

Coordonnateur de cette initiative, Daniel Lasalle souligne que les artistes sélectionné.e.s font partie de la relève. Il salut ce choix porteur pour les participant.e.s qui peuvent profiter de la créativité et l’enthousiasme des artistes à partager leur passion.

Participant.e.s comme « muses » des artistes

Roger Hamel, retraité et amateur de photographie, a participé à tous les ateliers. C’est le goût d’apprendre et d’expérimenter qui l’a poussé à s’y joindre.

« Tout ce qui est contribution à des arts visuels, ça m’intéresse. (…) L’un des travaux que j’ai réalisés sera intégré aux colonnes », raconte Roger Hamel.

Sur son expérience, il ajoute qu’il n’aime pas suivre de recettes pour créer alors les artistes offrent un tremplin, une méthode.

Parmi les nombreux travaux qu’il a créés : un montage collage dans lequel il a pensé aux « artistes qui marquent », ici Nana Mouskouri et Édith Piaf. Quelques minutes avant le dévoilement des colonnes, Roger Hamel confiait qu’il avait hâte de voir « le résultat de tous nos petits bricolages dehors et de voir comment ils l’ont utilisé ». On pouvait par la suite découvrir son Édith Piaf sur l’une des colonnes.

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« On ne créait pas en vase clos. On venait montrer nos techniques pour la colonne et on impliquait les gens. Notre mandat, c’était d’intégrer le plus possible ce qui avait été fait pour les ateliers. De l’idée de départ jusqu’aux ateliers, il y a un grand temps de gestation, car on est beaucoup nourris de l’extérieur. Quand tu fais preuve d’ouverture, l’œuvre va partir dans toutes sortes de directions qui lui appartiennent », exprime Julie Tremblay, artiste, musicienne et intervenante à PECH-Sherpa.

Autre participante aux ateliers, Natacha Morneau est une habituée. En découvrant les colonnes, elle a été épatée de revoir ces muses. « C’est le fun de les revoir, comme celle de Fanny, je l’ai adoré. Elle a intégré toutes nos mains. Elle a mis tout notre travail dedans », rapporte Natacha Morneau. Sur le résultat final de ce long travail elle affirme que c’est un « renouveau » par rapport aux anciennes photos. Pour elle, les nouvelles colonnes sont plus représentatives de l’organisme.

Sept colonnes, sept discours

Julie Tremblay et quatre autres artistes présent.e.s à l’inauguration ont décrit les sept muses à Monsaintroch.

Inauguration des colonnes de Pech-Sherpa avec les artistes
De gauche à droite, six des sept muses dévoilées pendant l’inauguration. De la muse de la Littérature et des Arts de la scène à la Muse de l’Art visuel.
Crédit photo: Viktoria Miojevic

1. Stéphanie Maud Dumas – Muse de l’Art visuel

« Stéphanie Maud Dumas travaille habituellement l’aquarelle, ici avec des textes sélectionnés par les participants. Elle s’inspire de l’art abstrait. Là, elle voulait partir d’une femme arbre, qu’on voit, et dans chaque branche mettre ce qu’il s’est passé dans les ateliers. Elle s’est inspirée des concepts puis des images qu’elle a eus dans ses ateliers. », commente Julie Tremblay.

2. Jean Lapointe – Muse de l’Art onirique

« J’ai fait une sorte de mosaïque dans laquelle j’ai intégré les travaux que les participants ont pu développer dans les ateliers. Il y a quatre panneaux. L’un est en forme du drapeau du Québec. En haut, ce sont plutôt des personnages nus, avec une photo de New York de mon ami Gilles Berubé. J’ai placé la photo dessus, c’est comme une fenêtre. Puis il y a les personnes qui rentrent et qui sortent avec la trame qui justifie le tout. »

3. Fanny H-Levy – Muse de l’Architecture

« La muse ici, c’est l’architecture, le rapport à l’espace est très présent dans mon travail et le rapport à la structure, portée et habitée par les humains. L’architecture, c’est un quotidien dans lequel on vit et qui nous conditionne. La colonne est très symbolique de toute l’histoire de l’architecture. Alors je me suis dit :  “pourquoi pas faire une colonne dans une colonne?”, une mise en abyme. J’ai travaillé autour de cette idée avec les participant.e.s. »

« Les dormeuses symbolisent le fait que tu peux pas dormir si tu n’es pas en sécurité. Je voulais travailler autour du corps, son environnement. La participation s’est faite sur le toit vert et sur la main, car c’est celle qui bâtit, porte, c’est l’entraide. Il y a cette symbolique de ces mains qui ont envie de se rencontrer. Il y a aussi des clins d’œil à Saint-Roch, des participant.e.s à leur fenêtre et les mains photocopiées des participant.e.s. C’est en fait un plan inversé, le ciel est en bas, les oiseaux portent et le toit vert en haut ».

4. Annou Théberge – Muse de l’Art de l’accompagnement

« J’avais envie que ce soit les gens qui soient mis avant au lieu que ce soit la muse qui inspire les gens. Là, elle est en haut et j’avais envie que ce soit les visages et les personnages au premier plan. Les visages ont un rond autour qui se recoupe les uns les autres. C’est l’effet qu’on a les uns sur les autres et comment on a un impact, qu’on se change. Puis je voulais que ce soit intéressant de tous les côtés de la colonne. (…) C’est une grosse maman arbre et les gens sont là comme ses feuilles, tous différents mais font partie d’un tout. Avec le temps, j’ai eu envie que ça ressemble à la ville, à l’endroit ou toute cette vie-là se passe. Les textes donnent ici un rythme à l’œuvre avec l’effet des patchworks. »

5. Julie Tremblay – Muse de la Musique et du Chant

« C’est une représentation de toutes les muses qui nous inspirent. Le défi que je m’étais donné, c’est de mettre en avant les femmes qui m’inspirent ou qui inspirent les participant.e.s à l’atelier. Dans la musique, les femmes sont sous-représentées. (…) Je suis musicienne, fait que c’est très personnel, cette œuvre-là. Moi, mon medium, c’est le coloriage inspiré des coloristes. J’ai retouché les couleurs des œuvres en ateliers, dont certains collages. Il y a Judy Garland, les subprimes, Nina Hegan, précurseure du mouvement punk et aussi Mariah Callas. Les règles du jeu, c’était d’avoir des muses femmes, de s’inspirer des vitraux d’église. Donc les partitions, ce sont les vitraux. Dans l’œuvre sont cachés des participant.e.s de l’œuvre et à la chorale de Sherpa, que je dirige. Les gens peuvent retrouver les participant.e.s caché.e.s. »

6. Marie-Claude Grou – Muse de la Littérature et des Arts de la scène

«  Marie-Claude Grou s’est inspirée d’écrits dans ses ateliers. Il y avait beaucoup de références à des grands romans, Baudelaire, Victor Hugo. Ici, on a un poème d’un participant qui s’appelait Edmé Etienne, qui est décédé et qui habitait ici. C’est un morceau de sa poésie, en hommage. Il y a aussi un morceau inspiré d’une participante qui avait fait une Minerve, puis Marie-Claude a repris le thème. Marie-Claude est beaucoup inspirée par la nature, la biologie, ce qui est organique donc ça transparaît beaucoup. On peut penser à ses murales aussi dans Limoilou », explique Julie Tremblay.

7. Daniel Lasalle – Muse du Cinéma et de la Photographie

« J’ai fonctionné par niveau d’occupation. C’est une superposition de moment d’activités humaines. Ma muse, je voulais que ça en soit une qui se définisse comme un trou noir, tout est là et ça peut tout absorber. On a mis la toile à terre et j’ai mis quelqu’un dessus que j’ai éclaboussé. Là où elle était, c’est ça qui est devenu le spectre de la muse. Ce qui était là avant, c’est le produit des ateliers. On peut voir les étampes produites par les participant.e.s dans la vitrine. J’aurais pu représenter le cinéma et les photos par des évènements, mais j’ai préféré les représenter par des outils. À force d’étamper, elle devient comme un pinceau. La superposition finit par créer de la texture. »

Les colonnes et l’exposition sur les travaux des participant.e.s sont visibles devant les locaux de PECH-Sherpa.

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