Le huitième article de cette série vise cette fois à redorer la réputation de ces « mauvaises herbes » aux jolies fleurs, qualifiées ainsi parce qu'elles se plaisent autant sur les terrains vagues que sur les bords de nos routes et ruelles. Place aujourd'hui à la chicorée sauvage.
Flore et faune locales : la vie en bleu de notre chicorée sauvage
Le huitième article de cette série vise cette fois à redorer la réputation de ces « mauvaises herbes » aux jolies fleurs, qualifiées ainsi parce qu’elles se plaisent autant sur les terrains vagues que sur les bords de nos routes et ruelles. Place aujourd’hui à la chicorée sauvage.
Une vivace dont la racine s’apparente à celle de la carotte
Pour la brève description qui suit de la chicorée sauvage, l’auteur de cet article a retenu celle de feu Gisèle Lamoureux (botaniste qu’il a eu le privilège de côtoyer) et de son groupe Fleurbec. Celle-ci est tirée de leur guide Plantes sauvages des villes et des champs (FIDES, 1978, 1re édition).
D’une taille atteignant facilement un mètre, la chicorée sauvage (Cichorium intybus) est une vivace à latex blanc et amer, dont la racine s’apparente à celle de la carotte.
Sa tige, raide et ramifiée, paraît nue, tellement ses feuilles sont petites, contrairement à celles de sa base, en rosette. Cette tige porte des capitules de fleurs bleues « toutes en forme de languette qui fanent très rapidement ».
Quant à son habitat, la chicorée sauvage « préfère les sols calcaires à particules fines ». Cela explique vraisemblablement, peut-on avancer ici, son abondance en basse-ville de Québec.
Usages alimentaires de la chicorée sauvage
D’origine eurasienne, la chicorée sauvage aurait été apportée par les premiers colons comme plante potagère. On signale qu’elle était déjà bien établie en 1821 dans la région de Montréal. « Les Belges consomment les jeunes racines, cuites dans deux eaux, avec du beurre. En salade, les jeunes feuilles sont meilleurs que celles des pissenlits », suggère Fleurbec.
« La racine nettoyée, séchée et grillée au four jusqu’à ce qu’elle devienne cassante, puis broyée, constitue un succédané de café qu’on vend sur le marché », ajoutent les auteurs du groupe, rappelant le principal intérêt que l’on porterait ici pour cette espèce en particulier.
Cependant, comme le rapporte cette publication de la Ville de Montréal, une espèce qui proviendrait d’un croisement entre la chicorée sauvage et une autre du pourtour méditerranéen, Cichorium endivia, est cultivée pour l’endive. Ce légume blanc, aussi cultivé ici et disponible à l’année, est le résultat du « forçage » des racines de la plante entreposées au frais et à l’obscurité.
Les fleurs bleues : des cas d’exception?
Dans son article À la recherche de la fleur bleue, Larry Hodgson fait remarquer d’emblée que « le bleu est parmi les plus rares des couleurs florales », au même titre que le noir, observe-t-il.
« Et c’est probablement à cause de la complexité chimique impliquée dans sa production, car les abeilles, les papillons et les autres pollinisateurs distinguent très bien le bleu et visitent facilement les rares plantes qui produisent des fleurs bleues. »
La couleur vient d’un pigment, l’anthocyanine, qui donne normalement les teintes rouge et violettes, explique le célèbre « jardinier paresseux ». Il précise que c’est dans des conditions alcalines (tels nos sols argileux) que le bleu ressort, alors que la plupart des fleurs ont une sève acide.
Toujours sur cette couleur bleue, Larry Hodgson reconnaît que la définition qu’il en fait est peut-être un peu arbitraire, accolant le bleu, chez d’autres plantes indigènes autres que la chicorée sauvage, à une espèce de gloire du matin, mais non aux campanules « qui paraissent violettes à mes yeux ».
Lire l’article précédent de cette série : Flore et faune locales : l’espiègle raton laveur.
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