La grippe espagnole de 1918-1919 va non seulement entraîner la mort de 20 à 50 millions de personnes sur l’ensemble de la planète, mais aussi rendre malade plus de 20 % de sa population. Retour sur cette autre crise qui aura tristement marqué l'histoire de notre ville.
La grippe espagnole de 1918 à Québec – 1 de 3
La grippe espagnole de 1918-1919 va non seulement entraîner la mort de 20 à 50 millions de personnes sur l’ensemble de la planète, mais aussi rendre malade plus de 20 % de sa population. Retour sur cette autre crise qui aura tristement marqué l’histoire de notre ville.
« Baisons la main de la Providence qui nous frappe. Cessons d’offenser Dieu et prions-le par l’intermédiaire de Saint-Roch d’avoir pitié de nous en ces temps pénibles où nous nous trouvons. » – Prière dans « L’Action catholique » du 16 octobre 1918.
« Plus de victimes que celles de la Grande Guerre »
La pandémie internationale se répand à travers le monde par les routes terrestres et maritimes. Les centaines de milliers de soldats de retour de la Première Guerre mondiale diffusent le virus partout et en sont également les premières victimes. L’épidémie se répand en trois vagues : printemps et automne 1918, hiver 1919. La deuxième vague va ravager l’Amérique du Nord en provoquant la mort de 675 000 Américains, 50 000 Canadiens et 14 000 Québécois. Cette épidémie va faire plus de victimes que celles de la Grande Guerre qui se déroule en Europe.
Cette grippe est surnommée « espagnole » parce que l’Espagne est un des premiers pays européens frappés durant la première vague avec 8 millions de personnes malades et plusieurs dizaines de milliers de morts. Comme l’Espagne est un pays neutre durant la Grande Guerre, il n’y a pas de censure de presse comme dans le reste du monde occidental, et les journaux espagnols s’empressent de rapporter les événements. Le fait que la majorité des victimes sont des jeunes dans la vingtaine et la trentaine en bonne santé accroît la peur et la panique dans la population.
La grippe de 1918 est provoquée par une mutation encore mal comprise du virus de la grippe aviaire H1N1. Ce virus provoque en quelques heures des fièvres, des douleurs musculaires et un engorgement rapide des poumons et des voies respiratoires qui peut entraîner la mort en quelques heures. La période d’incubation est d’environ 24 à 72 heures. Depuis 1995, des chercheurs américains, canadiens et européens ont réussi à isoler ce virus à partir de poumons conservés de soldats américains morts en 1918 et de cadavres d’Inuits ou de mineurs conservés dans le pergélisol dans l’Arctique.
Premiers cas vraisemblablement aux États-Unis
L’origine de l’épidémie demeure incertaine. Les premiers cas de grippe seraient apparus dans des camps de formation militaire dans l’état américain du Kansas. Des milliers de jeunes militaires en formation auraient transporté le virus sur les champs de bataille en Europe. Des cas sont signalés dans des camps militaires du nord de la France et de l’Angleterre dès le début de l’année 1918. Dans ces camps règne une promiscuité entre les hommes, les chevaux et les animaux de basse-cour tels les canards et les poulets, qui servent à l’alimentation. L’hypothèse d’une origine chinoise de la grippe, en provenance de la ville de Canton, n’est toutefois pas complètement exclue.
À la fin du XIXe siècle, les savants Louis Pasteur et Edward Koch avaient certes réussi à isoler les bacilles de la tuberculose ou du choléra et à produire les premiers vaccins, mais la grippe espagnole de 1918 est arrivée trop tôt pour que les chercheurs soient capables d’isoler le virus et de produire un vaccin. Des expériences de vaccination sont tout de même tentées à l’automne 1918, mais sans grand succès sur des soldats anglais. Ne pouvant s’attaquer à la cause de la grippe, les médecins vont alors proposer des médicaments pour soulager les symptômes comme de l’aspirine, de la quinine, de la cannelle en poudre ou des sirops.
Le comté d’Arthabaska : un foyer important de contagion
L’épidémie s’introduit au Canada par les ports d’Halifax et de Québec, où circulent des milliers de marins et de militaires en provenance ou en partance pour l’Europe. Un groupe de conscrits militaires canadiens qui traverse le Canada d’Halifax à Vancouver pour aller combattre les communistes en Russie va répandre l’épidémie à travers le pays. Le comté d’Arthabaska devient également un foyer important de contagion.
Du 12 au 15 septembre 1918, plus de 40 000 catholiques en provenance de partout en Amérique et d’Europe se réunissent à Victoriaville pour un congrès eucharistique (photo de l’entête). Ces pèlerins vont favoriser la circulation de la grippe.
Lisez la suite la semaine prochaine, dans l’épisode 2.
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