Chroniques de la rue Flynn 2 – Monsieur Paul Néron

Nicole Hamel est née et a grandi à Saint-Charles-de-Limoilou. Elle a fait la majorité de ses études au Couvent de Limoilou. Après son mariage, elle a quitté ce quartier pour élever deux enfants en banlieue. Il y a quelques années, le cadet s’est installé, avec sa famille, à quelques rues de son lieu de naissance. Ce qui lui a fait revivre beaucoup de souvenirs qu'elle s'est amusée à écrire dans les Chroniques de la rue Flynn. En voici la deuxième.

Chroniques de la rue Flynn 2 – Monsieur Paul Néron | 26 décembre 2020 | Article par Monlimoilou

Crédit photo: Pexels - Ivo Brasil

Nicole Hamel est née et a grandi à Saint-Charles-de-Limoilou. Elle a fait la majorité de ses études au Couvent de Limoilou. Après son mariage, elle a quitté ce quartier pour élever deux enfants en banlieue. Il y a quelques années, le cadet s’est installé, avec sa famille, à quelques rues de son lieu de naissance. Ce qui lui a fait revivre beaucoup de souvenirs qu’elle s’est amusée à écrire dans les Chroniques de la rue Flynn. En voici la deuxième.

Au coin de la rue Flynn et de la 6e Avenue, il y avait le commerce d’un négociant en œufs. Le nom du commerce était Poste de Mirage d’œufs Limoilou enrg. Il était situé dans le sous-sol de la maison du propriétaire, qui y avait aménagé les installations nécessaires à ses employés. La principale activité consistait à mirer les œufs sous une forte lumière, pour y déceler les anomalies. Ensuite, à les casser sur un filtre et les œufs retombaient dans une chaudière. Ce contenant était pesé et son contenu servait, surtout, à confectionner des desserts fabriqués par des boulangeries et pâtisseries. Dans le temps, les pâtisseries Simard, Vaillancourt, Dupéré… étaient les principaux acheteurs. Je ne sais combien d’œufs étaient utilisés journalièrement, mais un des fils du propriétaire et sa femme en cassaient environ 10 000 chaque jour. Ce commerce appartenait à monsieur Paul Néron, qui le dirigeait efficacement.

Au début des années 1960, un autre commerce s’est greffé au premier, soit Paul Néron transport. À la fin de cette décennie, le père de Jacques a fait construire un entrepôt frigorifique derrière la maison. On y entreposait du beurre pour le gouvernement et du poulet et de la dinde congelée pour la compagnie Flamingo.

Malgré la somme de travail à accomplir, Paul et son frère Rosaire pratiquaient la lutte occasionnellement, surtout la fin de semaine. Ce sport se faisait en région : Beauce, Saguenay, Estrie, etc. Ils étaient des lutteurs méchants, et Rosaire aimait particulièrement se déguiser pour paraître encore plus agressif. Pourtant, ces hommes n’avaient aucune malice. Les arènes de l’époque étaient loin de celles d’aujourd’hui et les matelas étaient extrêmement durs pour leur corps.

Les jours suivants ces combats, Paul Néron demandait aux jeunes de monter sur son dos endolori et de le piétiner jusqu’à ce qu’il devienne moins souffrant. La douleur de ce bon voisin l’a obligé à prendre sa retraite de lutteur. Il est devenu alors promoteur de lutte associé à des promoteurs de Montréal. Les Montréalais fournissaient un programme établi avec les lutteurs de Montréal et Paul Néron engageait les lutteurs de Québec pour compléter les équipes. De sorte que se pointaient sur la rue Flynn plusieurs antagonistes venus recueillir les dernières instructions avant le départ.

On a vu chez Paul Néron Little Beaver, Sky Lolo, le Prince Nicol, les frères Baillargeon, le Grand Antonio et bien d’autres colosses. Les bons côtoyaient les agressifs. Cette période était, pour ses enfants et mes deux frères, un monde extraordinaire, des héros aperçus à la télévision. Lors de nos réunions familiales, mes frères en parlent encore aujourd’hui.

Paul Néron avait toute une  personnalité. Il était toujours occupé à travailler à son commerce, à dépanner les gens, à faire la charité.

Nicole Hamel, avec l’autorisation des enfants de Paul Néron

Lire la chronique précédente : Chroniques de la rue Flynn 1 – Roxy

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