Chroniques de la rue Flynn 1 – Roxy

Nicole Hamel est née et a grandi à Saint-Charles-de-Limoilou. Elle a fait la majorité de ses études au Couvent de Limoilou. Après son mariage, elle a quitté ce quartier pour élever deux enfants en banlieue. Il y a quelques années, le cadet s’est installé, avec sa famille, à quelques rues de son lieu de naissance. Ce qui lui a fait revivre beaucoup de souvenirs qu'elle s'est amusée à écrire dans les Chroniques de la rue Flynn. En voici la première partie.

Chroniques de la rue Flynn 1 – Roxy | 25 décembre 2020 | Article par Monlimoilou

Crédit photo: Jean Cazes

Nicole Hamel est née et a grandi à Saint-Charles-de-Limoilou. Elle a fait la majorité de ses études au Couvent de Limoilou. Après son mariage, elle a quitté ce quartier pour élever deux enfants en banlieue. Il y a quelques années, le cadet s’est installé, avec sa famille, à quelques rues de son lieu de naissance. Ce qui lui a fait revivre beaucoup de souvenirs qu’elle s’est amusée à écrire dans les Chroniques de la rue Flynn. En voici la première partie.

La rue Flynn, à Limoilou, doit son nom à Edmund James Flynn, avocat. Il occupa le poste intérimaire de premier ministre du Québec durant un an. Malgré ce fait, notre petite rue était presque anonyme. Cependant, un membre de ma famille s’employa à la rendre célèbre.

Un jour, mon père arriva avec un mignon chien albinos, à peine sevré. Grâce à nos soins, il se développa et devint, rapidement, un mastodonte. C’était un boxeur blanc énergique, même s’il dormait une partie de la journée pour refaire ses forces. Mais le soir, éveillé, fringant, alerte, il n’avait qu’une idée : celle de gambader au hasard du quartier. La noirceur lui permettait de commettre ses frasques pendant que les gens dormaient.

Un bon matin, la police se présenta à notre porte pour nous avertir d’attacher Roxy, sinon…! La nuit précédente, notre boxer avait pourchassé un chat jusqu’à la paroisse Saint-Fidèle, voisine de Saint-Charles. En passant par les galeries arrière, il avait grimpé, avec vigueur, les trois étages en renversant les poubelles de métal. Ce qui avait produit un vacarme qui avait réveillé les occupants des logements. Apparemment, les lumières s’étaient allumées aussi précipitamment qu’un feu d’artifice.

Une autre fois, par un beau jour d’été, Roxy échappa à notre vigilance. Une rumeur parvint jusqu’à nous. Notre boxer luttait désespérément avec un autre chien. Leurs colliers étaient imbriqués l’un dans l’autre. Surtout que celui de Roxy était fait de mailles de métal. Ils se trouvaient près de la rivière Saint-Charles, rue des Sables. Un de mes frères partit au pas de course et réussit à les séparer.

Pauvre Roxy! Souillé, son poil blanc était devenu gris et ses yeux sortaient de leurs orbites. Il traînait de la patte. Pendant trois jours, il se reposa et ronfla. Redevenu vigoureux, il était disposé à faire d’autres incartades. Moi, je connaissais les rues et avenues du coin, tandis qu’il connaissait toutes les ruelles et les arrières-cours du quartier, là où il accomplissait ses exploits nocturnes. Le matin, fatigué, il regagnait notre sofa, y laissant une quantité de poils. Ce qui était moins drôle pour les habits de mon copain.

Sa réputation de saccageur se transmettait partout. La police croulait sous les plaintes et ne cherchait plus à qui appartenait ce chien : elle le savait! Comme un enfant, Roxy savait nous faire fléchir. Il se lamentait, gémissait et nous exhibait des yeux tristes. Impossible de résister!

Impossible, également, de l’amener se promener attaché à une laisse, car c’est lui qui nous traînait par sa robustesse et c’est nous qui courions pour le suivre. Nous l’aimions bien, notre cabot. Mais il n’était guère apprécié des voisins. Sa couleur blanche, le tour des yeux toujours rouges et les bajoues dégoulinantes de sécrétions peu ragoûtantes, il faisait peur aux gens.

Cependant, après plusieurs visites chez nous, la direction du service de la police municipale nous envoya un ultimatum. Ou nous attachions définitivement notre chien ou nous devions le faire tuer. Un chien de sa race ne pouvait se tenir tranquille dans un si petit territoire que le nôtre, alors, la famille appela la Société protectrice des animaux.

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Lorsqu’un agent de la fourrière se présenta, j’étais seule à la maison. Selon leur règlement, je devais mettre, moi-même, notre animal dans une grande poche. Le chien pesait presque autant que moi. Comme s’il avait eu un sixième sens, durant tout l’avant-midi il m’avait suivie partout dans la maison en me jetant un regard pathétique.

C’est ainsi que la rue Flynn connut ses heures de gloire par le pouvoir d’un chien.

Nicole Hamel

Lire la suite : Chroniques de la rue Flynn 2 – Monsieur Paul Néron

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