Chronique d’une rivière disparue : L’histoire sur les bords de la Lairet

Ce troisième article d’une série de huit textes souhaite apporter un peu de légèreté à cette période sans précédent. Ainsi, en cette période de confinement, Monlimoilou réactualise les articles de notre collaborateur et historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenus votre attention de 2010 à 2014.

Chronique d’une rivière disparue : L’histoire sur les bords de la Lairet | 5 avril 2020 | Article par Réjean Lemoine

La rivière Lairet, Québec, Henry Richard S. Bunnett, 1886, Huile sur toile, 26 x 36 cm.

Crédit photo: Musée McCord

Ce troisième article d’une série de huit textes souhaite apporter un peu de légèreté à cette période sans précédent. Ainsi, en cette période de confinement, Monlimoilou réactualise les articles de notre collaborateur et historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenus votre attention de 2010 à 2014.

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Avant de devenir un cours d’eau pollué et méprisé, la Lairet a joué un rôle primordial aux premiers temps de la colonie.

Jacques Cartier, premier explorateur européen du fleuve Saint-Laurent pour le roi François 1er, va s’installer pendant huit mois et durant l’hiver 1535-1536 à l’embouchure de la rivière Lairet, petit havre naturel et sécuritaire.

Arrivé avec un équipage de 110 hommes sur trois navires (la Petite Hermine, la Grande Hermine et l’Émérillon), il fait construire un fort sur le site actuel du parc Cartier-Brébeuf. À l’embouchure de la Lairet se déroule la première cohabitation conflictuelle et orageuse entre les iroquoiens de la bourgade de Stadaconé et Cartier. Celui-ci sera durement éprouvé par son premier hiver au Canada. Ses navires sont pris dans les glaces de la Lairet, il tombe plus de quatre pieds de neige sur le fort construit par Cartier et tous ses hommes à l’exception d’une dizaine tombent malades du scorbut. L’équipage est sauvé, à la dernière minute, après une promesse de pèlerinage de Cartier à Roc-Amadour lors de son retour. Mais ce sont les Amérindiens qui sauvent la vie des Français en leur fournissant le remède salutaire qui guérit du scorbut : la tisane de cèdre blanc appelé anneda.

Cartier perd quand même 25 hommes durant cet hiver. En guise de « remerciements » pour leur avoir sauvé la vie, il repart en France en mai 1536 en kidnappant le chef amérindien Donnacona et une dizaine d’Amérindiens dont quatre enfants pour les ramener comme trophée de chasse au roi de France, François 1er. Quand Cartier reviendra cinq ans plus tard pour fonder une colonie à l’embouchure de la rivière Cap-Rouge, il n’est pas surprenant que les Amérindiens l’accueillent avec hostilité…

L’embouchure de la rivière Lairet ne restera pas longtemps inhabitée puisque dans les premières années de la fondation de Québec en 1626, les Jésuites se font concéder la seigneurie Notre-Dame des Anges qui couvre tout le territoire actuel entre le quartier Vanier et Beauport en remontant jusqu’à Charlesbourg. Ils font construire la ferme Notre-Dame des Anges sur la rive droite de la Lairet. L’édifice comprend quatre chambres, une chapelle et un réfectoire où peuvent vivre six personnes. Ils mettent en culture une vingtaine d’arpents le long de la rivière. La ferme servira jusqu’à la Conquête anglaise de 1759 de maison de campagne et de jardin potager pour le Collège des Jésuites dans le Vieux-Québec. Les Jésuites sont chassés lors de la Conquête et la seigneurie passe aux mains du gouvernement anglais qui vend les terres à des colons britanniques.

Au XIXe siècle, sur les deux rives de la Lairet s’installent des constructeurs de navires en bois qui engagent des dizaines d’ouvriers. Le plus connu est l’irlandais Georges Holmes Parke qui fait construire sur les bords de la Lairet, entre 1832 et 1870, plus de 70 navires au long cours qui sillonneront les mers du monde. Il se fait ériger en 1841 une magnifique maison, la Villa Ringfield, que l’on retrouve aujourd’hui au 1885, avenue de la Sarre.

Avec le déclin de la construction navale à la fin du XIXe siècle, les environs de la rivière Lairet se préparent à l’urbanisation. En effet en 1898, les propriétaires de la Compagnie de l’Exposition Provinciale achète la ferme Bowen pour en faire le site permanent de ce qui est devenu ExpoCité. Le développement urbain des bords de la Lairet débute alors.

Principales sources pour cette chronique : Archives de la Ville de Québec et de l’hôpital Saint-François d’Assise. Dossiers de correspondance des maires Lucien Borne et Wilfrid Hamel. Le Courrier de Limoilou, L’Action Catholique et Le Soleil de l’époque.

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