Prières tout bas pour le peuple québécois

Plus de 500 Québécoises et Québécois, incluant proches endeuillés et dignitaires, ont assisté hier soir, au pavillon de la Jeunesse, au Recueillement spirituel dans le cadre de la commémoration des victimes du 29 janvier 2017 à la Grande Mosquée de Québec.

Prières tout bas pour le peuple québécois | 29 janvier 2018 | Article par Suzie Genest

Crédit photo: Jean Cazes

Plus de 500 Québécoises et Québécois, incluant proches endeuillés et dignitaires, ont assisté hier soir, au pavillon de la Jeunesse, au Recueillement spirituel dans le cadre de la commémoration des victimes du 29 janvier 2017 à la Grande Mosquée de Québec.

Multiconfessionnelle et laïque à la fois, la soirée coanimée par Ève-Marie Lortie et Khadja Saïd était organisée avec la collaboration des communautés catholique, romaine, anglicane, juive, islamique, huronne et innue.

Lors du premier segment, frères, nièces, amis ont évoqué les vies écourtées de Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Abdelkrim Hassane, Azzeddine Soufiane, Aboubaker Thabti. Des portraits marqués par l’entraide, la solidarité entre nouveaux arrivants mais aussi dans la société d’accueil. Des défis d’immigration et d’intégration relevés avec cœur pour vivre et travailler à Québec, ville choisie, ville aimée par les disparus autant que par leurs proches, encore aujourd’hui.

« Une autre fois, ça pourrait être moi »

Megda Belkacemi
Crédit photo: Jean Cazes

Megda Belkacemi en a appelé, dans une seconde intervention, à la fin des actes qui font des « victimes de la haine » comme le 29 janvier 2017, mais aussi le 6 décembre 1989 (tuerie à la Polytechnique), le 14 septembre 2012 (fusillade au rassemblement du Parti québécois à Montréal), les 20 et 22 octobre 2014 (soldats tués par des islamistes radicaux à Saint-Jean-sur-le-Richelieu et au Parlement du Canada), ou le 15 janvier 2016 (attaque djihadiste tuant 6 Québécois au Burkina Faso). Parce que, comme dans la pièce Papa tout bas composée et interprétée par les Jeunes musiciens du monde, si l’intolérance triomphait, « Une autre fois, ça pourrait être moi »…

Tout au long des interventions, l’accueil et la compassion du peuple québécois ont été salués. Cette tradition bien ancrée, a rappelé le Grand Chef Konrad Sioui, remonte à ses ancêtres hurons qui aidèrent ceux des Québécois à s’acclimater à la terre d’accueil qu’ils avaient choisie, la Nouvelle-France.

Dialogue en musique

Condamnant l’extrémisme et ses divers tenants qui profitent de la peur et de l’ignorance pour « faire avancer leur agenda de haine », Mohamed El Hafid de la Mosquée de la Capitale a affirmé qu’il n’y avait pas de choc de civilisations, mais plutôt un choc de la violence.

Boufeldja Benabdallah
Crédit photo: Jean Cazes

C’est Boufeldja Benabdallah qui aura le plus ému. Projeté pour un instant à la Grande Mosquée le 29 janvier 2017, le public a revécu à travers ses mots l’horreur des proches voyant les victimes tomber sous les balles. Pour leur soutien au lendemain du drame, le cofondateur du Centre islamique culturel de Québec a remercié son frère, le maire Régis Labeaume et le peuple québécois. « Je suis un Québécois et je suis entier pour ce peuple », a-t-il insisté avant de citer Victor Hugo pour se rappeler « mes frères et mes sœurs » et « ce peuple qui m’a accueilli », en déposant « un bouquet de muguet et de tulipes en fleurs ».

Ainsi que l’a résumé l’évêque anglican Bruce Myers, le Recueillement spirituel d’hier représentait une belle illustration du nécessaire « dialogue entre les religions » sans lequel il n’y a « pas de paix entre les religions ».

Avant le Nunc dimittis du quatuor anglican, la voix et la guitare de Mgr Louis Corriveau avaient fait écho par la lumière aux odes à l’eau et à la terre de la formation innue le précédant. Le dialogue chanté s’est poursuivi lors de l’allocution du rabbin Yacov Weil de la congrégation Beth Israel Ohev Sholem pour conclure la soirée par Everybody Hurts de R.E.M. et un Hallelujah dans la langue des interprètes Nancy Lapointe et Daniel L. Moisan.

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On retiendra également, en clôture, l’allusion de la coanimatrice Ève-Marie Lortie à l’industrie radiophonique où elle évolue et à la responsabilité qu’elle y porte, comme chacun dans son milieu, de dénoncer la haine.

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