Dix personnalités qui ont marqué le quartier – Marc De Koninck

Monlimoilou célèbre cette année ses dix ans d’existence. Prenant prétexte de son contexte d’origine — alors qu’il se présentait, en 2008, comme « cette première vitrine web digne de la vitalité d’un quartier en plein renouveau » —, nous souhaitons aujourd’hui, pour l’occasion, souligner l’apport de ceux et celles qui ont contribué à changer le visage de Limoilou au cours de la dernière décennie. Neuvième portrait de cette série de dix personnalités marquantes : Marc De Koninck, organisateur communautaire.

Dix personnalités qui ont marqué le quartier – Marc De Koninck | 31 octobre 2018 | Article par Jean Cazes

Marc De Koninck : « Aujourd’hui, on parle positivement de Limoilou, de son dynamisme. Est-ce que tout cela se fait au bénéfice des personnes immigrantes, isolées, ayant des problèmes de santé mentale, ou seulement pour une nouvelle catégorie de jeunes familles branchées ? »

Crédit photo: Jean Cazes

Monlimoilou célèbre cette année ses dix ans d’existence. Prenant prétexte de son contexte d’origine — alors qu’il se présentait, en 2008, comme « cette première vitrine web digne de la vitalité d’un quartier en plein renouveau » —, nous souhaitons aujourd’hui, pour l’occasion, souligner l’apport de ceux et celles qui ont contribué à changer le visage de Limoilou au cours de la dernière décennie. Neuvième portrait de cette série de dix personnalités marquantes : Marc De Koninck, organisateur communautaire.

Marc De Koninck est organisateur communautaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN), né entre autres de la fusion du CLSC Limoilou où il a été engagé en 1985. L’actuel président de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches a habité Limoilou dans les années 1990, quartier qu’il fréquente toujours dans le cadre de ses fonctions. On lui doit la mise sur pied de grands événements qui ont regroupé divers acteurs sociaux ou économiques et citoyens pour freiner la pauvreté et l’exclusion.

À l’époque où vous êtes entré en fonction au CLSC Limoilou, comment perceviez-vous le quartier ?

Je dois d’abord préciser que ma carrière est un genre d’« accident de parcours ».  J’étudiais toujours en géographie à l’Université Laval quand le CLSC de Limoilou, qui en était pratiquement à sa création, m’a recruté comme auxiliaire familial, en considérant mon expérience d’été avec des personnes handicapées. Quelques années plus tard, on m’a intégré dans une nouvelle équipe pour mon emploi actuel en lien avec les organismes du milieu.

Dès mes débuts, j’ai découvert une population très ancrée dans un quartier ayant un fort esprit communautaire. Limoilou défrayait pourtant les manchettes pour des faits divers, comme la guerre des motards. Mais on a vu des gens d’affaires, comme Alain Slythe du Bal du lézard et Pierre Jobidon du IGA, se mobiliser pour parler d’enjeux et changer ce que je percevais aussi comme étant une mauvaise vision du quartier.

Dans cet esprit, quelle est la mission que vous vous êtes donnée au sein de votre organisation ?

La lutte à la pauvreté et à l’exclusion. Dans les années 1990, nous avions convoqué une conférence de presse afin d’attirer l’attention sur la pauvreté et ses causes, dans Limoilou. Ça avait créé un petit choc, ses citoyens, très fiers, étant un peu dérangés de faire face à la réalité. Ma formation de géographe avait alors beaucoup servi pour faire une analyse territoriale des services, surtout concentrés ailleurs en Basse-Ville, qui a abouti par la suite à la prise de décisions publiques pour leur redistribution.

Dans le cadre de cette mission, quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier quant à leur impact sur le quartier ?

Toujours dans les années 1990, j’ai participé à la mise en place de plusieurs tables de concertation regroupant intervenants socio-économiques et citoyens. Puis en 2005, Limoilou a vécu un épisode assez difficile avec la fermeture anticipée des écoles Stadacona et Saint-François-d’Assise. Un débat public très déchirant dans lequel je suis intervenu et pour lequel le CLSC Basse-Ville a déposé un mémoire en faveur de leur sauvegarde. Depuis, on a bâti la belle école de la Grande-Hermine, et on projette de reconstruire Stadacona.

Plus récemment, j’ai organisé d’autres tables de concertation. Je pense par exemple à Rendez-vous Limoilou, au Patro Roc-Amadour, portant sur les grands enjeux du quartier et le travail collaboratif des acteurs du milieu. Je pense aussi au forum Le pouvoir d’agir ensemble qui, en mai dernier, visait à réfléchir sur les causes de l’isolement social des aînés et les actions qui seront mises en oeuvre pour le diminuer.

Comment percevez-vous l’évolution du quartier depuis dix ans ?

Limoilou demeure touché par la défavorisation. Mais en même temps, c’est un quartier de plus en plus dynamique pour ses commerces de proximité, sa culture, ses nouvelles places publiques, ses ressources d’entraide et l’accueil de ses communautés ethniques. Aujourd’hui, on en parle positivement dans les médias !

Mais la question se pose : est-ce que tout cela se fait au bénéfice des personnes immigrantes, isolées, ayant des problèmes de santé mentale, ou seulement pour une nouvelle catégorie de jeunes familles branchées ? L’arrivée du Grand Marché d’ExpoCité, par exemple, va-t-elle répondre aux besoins des gens à faible revenu ? Un autre enjeu pour eux est l’impact possible de la gentrification et l’augmentation du coût des loyers. Il faudra suppléer au manque de logements sociaux, en créant notamment des coops d’habitation qui aideront à contrôler le prix général des loyers.

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L’événement des fermetures d’écoles confirme qu’il faut faire confiance au jugement des citoyens qui se mobilisent ; je pense aussi aux enjeux environnementaux tel l’enfouissement des fils à haute tension, qui a forcé Hydro à revoir sa stratégie, et bien sûr, le dossier de la poussière rouge. Je crois qu’on verra de plus en plus de ces mouvements de mobilisation.

* * * 

NDLR : Devant l’avalanche de noms à l’étape de présélection, l’équipe éditoriale a dû faire des choix difficiles, guidée par sa volonté de couvrir une diversité de champs d’intervention. Sans rien enlever aux personnes retranchées, la sélection vise à reconnaître les convictions, l’engagement, la persévérance et la vision qui ont présidé aux efforts consentis pour améliorer notre milieu de vie. À tous ceux et celles qui, néanmoins, s’impliquent dans le quartier et participent à son mieux-vivre, une part du mérite vous revient.

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