Le baptême de la petite : tricot de p’tite laine familiale

Production de la Compagnie dramatique du Québec et du Théâtre Les gens d’en bas, Le baptême de la petite est une pièce divertissante, conjuguant tour à tour rires et malaises.

<em>Le baptême de la petite</em> : tricot de p’tite laine familiale | 29 octobre 2018 | Article par Mélanie Trudel

Crédit photo: Suzanne O'Neil

Production de la Compagnie dramatique du Québec et du Théâtre Les gens d’en bas, Le baptême de la petite est une pièce divertissante, conjuguant tour à tour rires et malaises.

Antoine et Maude sont en couple depuis plus de 15 ans. Ayant essayé en vain de donner la vie, ils décident d’adopter une petite fille originaire de Chine. Pour célébrer cette arrivée prochaine, le couple reçoit – non sans appréhension – Marie-Ève, la sœur d’Antoine, et son nouvel amoureux Rémi, qui n’est pas inconnu de Maude.

Cette soirée hautement rocambolesque confrontera les valeurs et les convictions des protagonistes, et quelques événements imprévus mettront à rude épreuve la solidité des liens qui les unissent.

Soulignons le jeu extraordinaire de Maxime Denommée, d’un naturel désarmant, inénarrable, surprenant, dans le rôle d’Antoine. Catherine de Léan, cocasse, charmante et désinvolte, nous propose une Marie-Ève bien campée sur ses positions. Les décors et accessoires de Marie-Lou Bois nous convient dans l’intimité des personnages d’une manière telle que nous aurions presque envie de partager avec ceux-ci un rassurant bol de soupe au poulet.

Chassé-croisé amoureux, confrontation familiale, opposition divine ou athéiste, peur du jugement, droit et équité homme/femme, relations fraternelles… Le baptême de la petite aborde des thématiques morcelées qui ne manqueront pas de soulever moult discussions.

Sous la carapace humoristique se cachent des questionnements qui sommeillent en chacun de nous. La cassure des habitudes est-elle un mal nécessaire? L’attachement au passé et à notre propre enfance nuit-il à l’évolution ou, au contraire, la conforte-t-il? La perte de référents nous fragilise-t-elle?

La robe de baptême enveloppée dans du papier bleu, la chaise berçante de pépère, la coutellerie de grand-mère, les nappes thématiques, le coffre en cèdre de maman… Ce qui constitue le patrimoine familial a-t-il toujours autant de valeur dans notre monde de surconsommation?

Baptêmes, mariages et enterrements : autant de traditions rassembleuses qui nous lient à la p’tite laine familiale, tricotée serrée. Avec le décès de nos aînés disparaissent les monuments gardiens de la mémoire et des traditions, des valeurs et de la symbolique qui unifie.

C’est précisément lorsque ces héritages tendent à s’effacer qu’on a le plus envie de s’y accrocher. Dans la détresse, se surprend-t-on encore à  quérir une force « paternelle » plus grande que nature sur laquelle nous appuyer? Malgré l’abandon de la religion, ce qui nous rassure demeure peut-être issu de nos racines.

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Alliant l’écriture intelligente d’Isabelle Hubert et la mise en scène sans faille de Jean-Sébastien Ouellette, Le baptême de la petite est présenté au Théâtre Périscope du 23 octobre au 10 novembre 2018.

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