Un projet d’école alternative dans les quartiers centraux suscite l’intérêt

Trois mères du quartier Limoilou veulent voir se réaliser un projet d’école primaire alternative au sein de la commission scolaire de la Capitale et font des démarches en ce sens. Gabrielle Bégin, Émilie Lessard et Julie Moffet font partie du comité qui porte ce projet. Nous avons rencontré les deux premières pour en savoir davantage.

Un projet d’école alternative dans les quartiers centraux suscite l’intérêt | 6 décembre 2017 | Article par Stéphanie Vincent

Crédit photo: Pxhere

Trois mères du quartier Limoilou veulent voir se réaliser un projet d’école primaire alternative au sein de la commission scolaire de la Capitale et font des démarches en ce sens. Gabrielle Bégin, Émilie Lessard et Julie Moffet font partie du comité qui porte ce projet. Nous avons rencontré les deux premières pour en savoir davantage.

Profiter d’une conjoncture favorable

Gabrielle Bégin, Émilie Lessard et Julie Moffet

Si le projet d’une école alternative dans les quartiers centraux est dans l’air depuis plusieurs années déjà, on espère cependant que cette fois-ci soit la bonne. Au cours des dernières années, le pouvoir d’attraction de Limoilou sur les familles a créé un véritable problème d’espace dans les écoles du quartier. Un projet d’agrandissement a été autorisé récemment par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur à l’école primaire de la Grande-Hermine. Des modulaires ont été installés entre-temps afin de régler temporairement la situation.

Le moment serait donc propice pour songer à intégrer quelques classes alternatives au sein d’une institution existante, mais on se permet aussi de rêver à une école alternative toute neuve. Bien que la commission scolaire de la Capitale s’étende jusqu’à Val-Bélair, Gabrielle Bégin et Émilie Lessard souhaitent tout particulièrement une école qui desservirait les quartiers centraux.

La demande est immense […]. Il y a un gros bassin, une clientèle qui veut ça, qui aimerait ça, mais le choix n’existe pas », déplore Émilie Lessard.

Le comité s’appuie sur un sondage mené en ligne le mois dernier, auquel près de 140 parents ont répondu positivement. Au total, près de 280 enfants pourraient être concernés par le projet.

Il existe deux écoles alternatives dans la commission scolaire voisine, des Premières-Seigneuries, soit Yves-Prévost et Les Loutres. Les familles résidant sur un autre territoire peuvent faire une demande de dérogation pour y accéder. Toutefois, en ce moment, il semblerait que ces demandes ne sont pas acceptées, car ces écoles fonctionnent déjà à plein rendement.

Un projet d’inspiration Freinet

Ce qui distinguerait le projet d’école alternative proposé de l’école traditionnelle ? Une approche et une pédagogie différentes, qui s’intéressent davantage au développement de l’être dans sa globalité. Les valeurs centrales sont l’autonomie des enfants, la collaboration et la coopération. Les deux mères insistent toutefois sur le fait que ce n’est pas en opposition avec ce qui est offert actuellement, mais que la manière dont les choses sont proposées permet de respecter davantage le rythme de l’enfant.

Notre projet d’école n’est pas un projet Freinet. C’est un projet d’inspiration Freinet. […] On trouve que de s’inspirer de cette pédagogie-là qui fonctionne et qui existe déjà à Québec, c’est vraiment un plus, mais on peut très bien aller piger dans d’autres pédagogies », explique Gabrielle Bégin.

L’aspect nature, qui ne ressort pas nécessairement dans la pédagogie Freinet, sera ainsi mis à l’avant-plan. Les enfants d’Émilie Lessard participent au projet-pilote Grandir en forêt, et celle-ci voit l’école alternative comme une suite logique à ce cheminement.

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On aimerait donner une couleur, offrir un volet nature et culture, surtout dans un milieu urbain comme ça. On croit beaucoup aux bienfaits de sortir, de décloisonner, de l’apprentissage par la nature, d’être en contact », fait valoir Gabrielle Bégin.

Le comité a relevé que cela a particulièrement interpellé les répondants au sondage. Cette idée de décloisonnement va au-delà de la simple frontière entre l’intérieur et l’extérieur et est au centre même du projet d’école alternative.

Les milieux de vie à la maison et à l’école ne sont pas séparés, c’est communicant, alors les parents font partie aussi du milieu scolaire, viennent s’impliquer dans la vie de leurs enfants à l’école et vice-versa. Il y a moins de divisions », estime Émilie Lessard.

Les enseignants peuvent se former à ce type d’approche à coup de journées et de demi-journées. Une cinquantaine de professeurs ont d’ailleurs répondu à un autre sondage créé par le comité à leur intention et 70 % d’entre eux se sont montrés intéressés ou très intéressés par le projet. Les écoles Yves-Prévost et Les Loutres ont déjà offert un mentorat et un suivi si le projet va de l’avant.

L’école alternative : un besoin, un droit, un projet collaboratif

Si les deux mères s’investissent autant dans ce projet, c’est qu’elles croient que c’est un réel besoin, mais aussi un droit. « La prochaine étape, c’est d’assumer le fait que c’est un droit. C’est un droit parental que de choisir l’école et d’avoir le choix. Présentement, on n’a pas le choix », argue Gabrielle Bégin.

On a vraiment envie de collaborer [avec la Commission scolaire], notre but est que ça se passe bien, que tout le monde soit content, mais présentement, honnêtement, il y a des parents qui sont insatisfaits de ce qui est offert dans les écoles. […] On pense qu’on répondrait vraiment à un besoin qui est là et à un désir profond des parents d’avoir une pédagogie différente, une école qui correspond mieux à leurs valeurs », poursuit-elle.

Les membres du comité ont déjà présenté une première fois leur projet auprès de la Commission scolaire. Celle-ci aurait manifesté de l’intérêt et de l’ouverture, mais aucune direction d’école ne s’est pour l’instant engagée à aller plus loin. Les deux mères insistent toutefois sur le fait que ce projet doit se faire ensemble.

Dans le document sur la Loi sur l’instruction publique, ça dit que ça doit venir des parents : les parents manifestent leur intérêt auprès de la Commission scolaire, la Commission scolaire parle aux directions, et là ensemble, tout le monde, on crée ce projet-là », indique Gabrielle Bégin.

Les mères tiennent à ce que ce choix soit offert au public afin que cela reste accessible à tous, mais aussi dans l’idée de démarginaliser l’école alternative. Tous les parents sont les bienvenus.

Avec le sondage qu’ils ont fait circuler le mois dernier, les membres du comité souhaitent maintenant réitérer leur sérieux auprès de la Commission scolaire et faire connaître et cheminer le projet.

On pense qu’on a de bons arguments, mais il y a aussi un momentum », conclut Gabrielle Bégin.

Pour suivre le projet sur Facebook : Projet d’école alternative

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