Lancement de La route sacrée à la Librairie du Quartier

Isabelle_Duval_Jean_Desy

Il y avait foule vendredi soir dernier à la Librairie du Quartier pour le lancement de La route sacrée, incarnation papier du projet de Jean Désy et Isabelle Duval.

Ce voyage spirituel, dont on a pu lire les péripéties sur le blogue du même titre, suivait les pas d’un missionnaire jésuite, le père Laure, vers l’Antre de marbre de la Colline blanche – lieu chamanique situé sur la rive sud de la rivière Témiscamie, au « cœur géographique » du Québec. Isabelle avait d’ailleurs réalisé en 2010 un documentaire sur le sujet, Le prêtre et l’aventurier.Pierre-Olivier « Pierrot » Tremblay, aussi membre de l’expédition, signe la postface du livre. Actuel recteur du sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, il a été « l’éminence grise, le mentor » du voyage, dit Jean. Pascal Genêt, l’éditeur, le qualifie de prêtre « cool, comme on les aime ». Bien que Pierrot n’ait pas été physiquement présent à la librairie, les deux auteurs et l’éditeur n’ont pas manqué de souligner son apport à tout le projet.S’il est cliché, comme Pascal Genêt l’a noté, de dire que le chemin prime sur la destination, dans ce cas-ci, a-t-il insisté, les deux comptent à égalité de parts. Aussi le livre porte-t-il sur l’avant, le pendant et l’après du voyage. Chacun des deux auteurs ayant un rapport différent au monde, il va de soi qu’ils ont vécu de façon différente l’expérience, ce qui se traduit dans leur travail d’écriture. On connaît par exemple le rapport de Jean Désy avec la nordicité, la toundra, qui occupe une grande place dans toute son œuvre écrite.Jean a tenu à souligner l’importance de la parole d’Isabelle : c’est elle, a-t-il expliqué, qui « porte la parole sensible » du livre. Le public, selon lui, découvrira ici une voix d’écrivaine jeune, organisée, posée – et cette voix sera reconnue à sa juste valeur grâce à La route sacrée. Notons qu’Isabelle a codirigé l’ouvrage Femmes rapaillées, publié l’an dernier, et que son recueil Le ciel comme passage est paru en 2014.J’ai demandé à Isabelle de me décrire sa démarche. Son travail, introspectif, a été de se « remettre dans l’émotion » en relisant ses notes, pour pouvoir apporter au texte une « parole intérieure ». Jean avait pris en charge le récit quotidien, factuel, du voyage sur le blogue. Il a donc fallu dans un premier temps mettre de la chair autour de l’os en ajoutant réflexions et réactions aux événements. Pierrot et Jean, dit Isabelle, « sont des verbomoteurs ». « Je suis un enthousiaste! » proteste Jean avec un clin d’œil. Isabelle a donc d’abord été celle qui recueillait la parole des autres, à la suite de quoi elle y intégrait la sienne, la « faisait émerger ».Même si nos deux auteurs étaient accompagnés d’un prêtre, et même si l’expédition avait un but spirituel explicitement en lien avec le catholicisme, la dimension du sacré a beaucoup, ici, à voir avec l’« Âme du monde », comme l’appelle Jean – ce que d’aucuns pourraient nommer poésie, ou autrement. C’est d’ailleurs ce qu’enseigne Jean (qui est docteur en médecine et en littérature, en plus d’avoir une maîtrise en philosophie) aux étudiants de la faculté de médecine de l’Université Laval : la littérature, la poésie, le sacré, l’Âme du monde – peu importe comment on l’appelle –, c’est ce qui fait de l’humain autre chose qu’un robot; c’est, au fond, ce qui donne sa valeur à la vie.En ce sens, Jean a remercié toutes les personnes présentes « au nom de ce qui nous tient à cœur : la poésie du monde ». Et en effet, le moment de la lecture d’extraits des épilogues de La route sacrée avait quelque chose de la communion.

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