Histoire en péril

Le patrimoine religieux s’est invité plusieurs fois dans l’actualité régionale au cours des dernières semaines. Interventions d'urgence pour sécuriser des bâtiments endommagés, projets de reconversion en développement, promesses électorales : l'avenir de nos églises fait réfléchir.

Histoire en péril | 28 octobre 2017 | Article par Jean-Philippe Léveillé

L’église Saint-Sauveur, dans le quartier du même nom, a dû voir son clocher solidifié et démonté et pour 1,5 M$. Mais les réparations pourraient s’élever jusqu’à 2,3 M$.

Crédit photo: Georges Sheehy

Le patrimoine religieux s’est invité plusieurs fois dans l’actualité régionale au cours des dernières semaines. Interventions d’urgence pour sécuriser des bâtiments endommagés, projets de reconversion en développement, promesses électorales : l’avenir de nos églises fait réfléchir.

Les églises Saint-Roch, du Très-Saint-Sacrement et Saint-Sauveur, dont deux sont considérées d’intérêt exceptionnel par le Conseil du patrimoine religieux du Québec, ont connu tout récemment, coup sur coup, d’importants problèmes liés à leur manque d’entretien.

Dans le cas de l’église Saint-Sauveur, alors même que l’on célébrait le 150e anniversaire de la paroisse, c’est le clocher tout entier qui menaçait de s’effondrer et qui a dû être démonté de toute urgence. Aux dernières nouvelles, l’église, l’un des bâtiments les plus distinctifs du quartier, n’était pas certaine de retrouver un jour sa flèche originale.

Le plus désolant, c’est que l’on pourrait multiplier les exemples de ce genre aux quatre coins du Québec.

Comment assurer la préservation de notre patrimoine religieux, et plus particulièrement des lieux de culte de tradition catholique? C’est une question qui se pose au Québec depuis maintenant plusieurs décennies.

On le sait, alors que les églises étaient autrefois au cœur de la vie sociale des paroisses, elles sont aujourd’hui nombreuses à être désertées. Malgré tout, la population continue d’être attachée à leur silhouette distinctive, qui constitue bien souvent une présence marquante dans les villes et les villages, sans compter les souvenirs qu’elle évoque pour les habitants plus âgés.

Ce sont aussi des témoins importants de notre histoire, qu’on apprécie ou pas l’aspect très religieux de celle-ci.

On ne peut cependant chauffer et entretenir indéfiniment des églises vides, surtout lorsqu’on a du mal à le faire pour les rares qui sont toujours fréquentées, comme en témoignent les cas cités plus haut.

Le moyen le plus sûr de préserver au moins une partie de ces églises reste donc souvent de leur trouver de nouvelles vocations.

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La vente et la conversion d’églises dont –  il n’est pas inutile de le rappeler – la construction a autrefois été financée par la population, n’est par contre pas toujours bien perçue. C’est surtout vrai lorsque cela implique d’en faire des lieux privés, comme des condominiums, ou de n’en préserver que quelques éléments architecturaux qui en perdent ainsi leur sens. Les controverses entourant le projet de l’Étoile, sur Grande-Allée, et le sort de l’église Saint-Joseph, dans Saint-Sauveur, le démontrent.

Le Conseil du patrimoine religieux, un organisme spécialisé à but non lucratif, a cependant recensé de nombreux exemples de conversions réussies, qui ont permis de préserver à la fois l’architecture et la vocation publique de lieux de culte exceptionnels. À Québec, on peut penser à l’église Saint-Denys-du-Plateau de Sainte-Foy, convertie en bibliothèque; à l’école de cirque, aménagée dans l’ancienne église Saint-Esprit dans le Vieux-Limoilou, ou encore à la coopérative de solidarité La Nef, à Saint-Roch, qui s’est installée dans l’ancienne église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier.

Rappelons aussi que la Ville s’est engagée à faire de l’église Saint-Sauveur un lieu de diffusion culturel. Ce projet, s’il est mené à terme, pourrait assurer la préservation de ce qui restera du travail de l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy une fois le sort du clocher réglé.

En 2004, on recensait 3000 lieux de culte au Québec, dont une grande majorité d’églises catholiques. S’il est illusoire de penser pouvoir sauver de la démolition l’ensemble de celles-ci, ce n’est qu’en continuant de miser sur l’inventivité des intervenants – architectes, diocèses, entrepreneurs, société civile et gouvernements au premier lieu – que nous parviendrons à préserver une partie de cet important pan de notre histoire.

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