Les résidents du quartier Montcalm sont-ils snob ?

Snob. Le préjugé tenace colle encore à la Haute-Ville, que d’aucuns fréquentent seulement durant le Festival d’été ou le Carnaval. On l’associe à l’avenue Cartier, où l’on s’arrête le temps d’acheter un cadeau aux beaux-parents – quelque chose d’ostentatoire, de prétentieux, qu’on donne d’un air faussement nonchalant.

L’historienne Catherine Ferland nous apprenait dans un article publié dans le cadre de la Revengeance des duchesses que le mot snob vient en fait du latin sine nobilitate, « sans noblesse », en abrégé s.nob.Sans noblesse, les gens du quartier Montcalm ?Non. Juste fiers.Je me permettrai le parallèle suivant : de la femme qui se sait belle – ou, pire, qui ose affirmer sa beauté –, on dira qu’elle se prend pour une autre.Mais quelle autre ?Aimer la bonne chère, célébrer le plaisir de vivre, ça n’a rien à voir avec le palier d’imposition. On peut être amateur d’opéra sans chercher à « imite[r] sans discernement les manières, les goûts, les modes en usage dans les milieux dits distingués », selon la définition que donne Le Robert du mot snob. On peut même, paraît-il, être grand connaisseur de pu’er sheng, mais le boire parfois dans une tasse de Garfield.Dame Montcalm est belle, et elle le sait. Elle se maquille comme elle veut – un peu, beaucoup, passionnément – et sort en robe de soirée si ça lui chante.Et quand ça lui plaît, eh bien elle s’habille en mou pour faire l’épicerie. Ou, pourquoi pas, aller se recueillir devant L’Hommage à Rosa Luxemburg de Riopelle au Musée national des beaux-arts de Québec.À lire aussi : Duchesse tes chemises sont-elles sèches ?