Isabelle Vincent a le quartier Montcalm tatoué sur le cœur
Le Périscope accueille Isabelle Vincent dans le spectacle, La famille se crée en copulant à partir du 16 septembre. L’actrice originaire de Montréal nous parle de l’histoire de cette pièce, de son amour pour le quartier Montcalm où elle a un appartement et de son métier d’actrice. Céline Fabries : Parlez-moi de cette pièce qui parle de la famille? Isabelle Vincent: C’est une très belle partition, on est cinq acteurs et on assume chacun plusieurs rôles hormis Valérie Laroche qui est la maitresse de cérémonie. Le texte est un collage de deux auteurs, Jacob Wren et Samuel Archibald. C’est vraiment un texte politique, je dirais même engagé, mais qui est présenté sous forme festive. Ça, c’est la magie du metteur en scène, Frédéric Dubois. On parle surtout de la famille comme unité sociale, comment elle est bousculée et chamboulée au sein de la société d’aujourd’hui. C’est à la fois un spectacle où on réfléchit, mais où on rit et où on pleure aussi.C.F. : Vous avez plusieurs rôles dans la pièce, pouvez-vous me l’expliquer? I.V. : J’assure les rôles de mère. En fait, le spectacle est divisé en trois parties. La première partie c’est comme si c’était plusieurs vignettes juxtaposées de différentes familles, la plupart dysfonctionnelles comme nos familles. Dans la seconde partie, on parle d’actualité et il y a un vox pop. Et dans la troisième partie, on entre plus intimement dans une famille.C.F. : Que pensez-vous de la famille en 2014? I.V. : Il y a eu un article dernièrement dans le Devoir qui faisait état d’une étude américaine qui disait qu’il n’y a plus un seul modèle de famille auquel on peut s’identifier comme dans les années 50-60 avec un père qui travaille, une mère qui est à la maison. Tout s’est fragmenté, il y a différents modèles, il y a deux hommes, deux femmes, des mères ou des pères monoparentaux. Donc on assiste à une fragmentation de l’unité cellulaire familiale, mais on parle aussi beaucoup de la classe moyenne qui elle aussi s’effrite, qui perd de plus en plus son pouvoir d’achat parce que curieusement, elle s’endette énormément. Je lisais aussi dernièrement que le taux d’endettement au Canada est de 164 % donc pour chaque dollar qu’on gagne on en doit 1,64 dollar. C’est quand même effarant quand on pense à ça. Après quoi on court tant pour s’endetter et autant s’ennuyer et en même temps on est conscient qu’on s’appauvrit.C.F. : Est-ce que le public va se reconnaitre dans ce spectacle? I.V. : Complètement. Il y en a pour tous les gouts, les différentes familles et chaque personne vont pouvoir trouver des portions du spectacle qui vont leur coller peut-être de manière plus spécifique. Moi, c’est vraiment un texte que j’aimais beaucoup, mais j’avais des craintes et pour moi Frédéric Dubois, c’est un surdoué. Je trouve qu’il a donné à la pièce une forme artistique. C’est ça qui m’a séduit parce que j’aime le théâtre de recherche et des créations toujours, mais pour moi c’est important que le théâtre soit accessible, voire même populaire. Je nous vois les artistes comme des agents de transmission.C.F. : Vous avez un appartement dans Montcalm. Qu’est-ce qui vous plait dans ce quartier? I.V. : J’aime beaucoup la vie à Québec et l’avenue Cartier. J’ai mon circuit, je m’approvisionne chez Provision parce qu’ils ont les produits frais maraîchers de l’ile d’Orléans pour les fruits et légumes et aux Halles entre autres pour la Boucherie Marcel Labrie. J’aime beaucoup aller aussi chez Morena pour le café qui est très bon et les produits italiens. Ce que j’aime moi qui suis née à Montréal c’est de sentir la Nouvelle-France avec les rues qui ont les noms des personnages qui ont façonné notre histoire et puis à Montréal je me rends compte qu’on a toujours la sensation d’être exilé dans sa propre ville. C’est magnifique d’être entouré de gens de partout dans le monde, mais on n’est pas totalement fier de qui on est, surtout par rapport à la langue. Alors qu’à Québec, c’est assumé que le français est la langue de tous les jours, du travail, des communications. Ici, je redécouvre et j’apprécie mes racines de la Nouvelle-France.C.F. : Vous êtes une actrice multidisciplinaire, que préférez-vous? I.V. : J’aime autant le théâtre, le cinéma et la télévision. Ces dernières années, j’ai fait un peu plus de cinéma, j’aimerais en faire plus bien sûr. Ce que j’aime c’est le temps qu’on a pour tourner contrairement à la télévision où tout va très très vite. Ça devient presque une performance olympique parce qu’on n’a plus le droit de se tromper. Avant, on pouvait faire trois ou quatre prises maintenant, c’est maximum une ou deux. On a donc moins le temps de peaufiner et de raffiner tout ce qui est des intentions. Ça reste cependant très agréable parce qu’on crée des familles et on s’attache à un personnage sur une plus longue période, mais le travail est de plus en plus rapide et c’est ce qui fait que j’aime beaucoup revenir au théâtre pour prendre le temps d’explorer le sens de ce qu’on veut dire. Ce que j’adore aussi au théâtre, ce sont les rencontres avec le public après le spectacle, et de pouvoir recueillir les impressions à chaud. Les gens sont très ouverts et curieux et ils apprécient quand on prend le temps de leur parler après.On verra Isabelle Vincent prochainement dans différents projets au théâtre, à la télévision et surement au cinéma. L’actrice ira aussi à la rencontre des étudiants du Collège Mérici et du Cégep Garneau pendant son séjour à Québec.
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